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Concepts de base
POURQUOI et COMMENT le tourisme peut-il améliorer ou mettre en danger la sauvegarde du PCI ?
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EXEMPLES : Tourisme, PCI et durabilité
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1. BIENVENUE ET PRÉSENTATION

Bienvenue dans le dossier en ligne

Bienvenue dans le dossier en ligne sur le patrimoine culturel immatériel (PCI) et le tourisme durable.

Ce dossier est conçu pour vous aider à explorer les bénéfices et les risques du tourisme lié au PCI et à développer un tourisme durable du patrimoine vivant.

Le tourisme est un moyen majeur de présentation du PCI qui peut contribuer à maintenir ou mettre en danger sa pratique communautaire. C’est une importante source de revenus et d’emplois. Lorsque le PCI retient davantage l’attention grâce aux efforts de sauvegarde et aux inscriptions sur les listes de l’UNESCO, le tourisme est souvent une conséquence inévitable.

Dans ce dossier en ligne, vous trouverez des outils pour développer des projets touristiques basés sur le PCI, des discussions sur des questions clés et des exemples d’initiatives réussies de tourisme durable. Vous découvrirez comment les communautés ont développé un tourisme basé sur le PCI qui représente leur culture selon leurs propres termes, les erreurs à éviter lors de la présentation du PCI aux touristes et comment toute personne travaillant dans le secteur du patrimoine peut permettre aux communautés et aux groupes de favoriser un tourisme durable. Vous trouverez de nombreuses ressources utiles, y compris des documents d’organisations internationales concernées par le PCI et le tourisme ainsi que des liens vers des publications et des sources en ligne sur le PCI et le tourisme.

À qui s’adresse ce dossier en ligne ?

Il est conçu pour toute personne travaillant dans le secteur du patrimoine ou le domaine du tourisme, les ONG et les responsables politiques ainsi que les communautés ou les groupes sauvegardant leur propre patrimoine vivant.

Vous pouvez entrer dans ce dossier en ligne n’importe où sur ce site. Utilisez-le pour trouver des exemples réussis de tourisme lié au PCI. Il s’agit d’un document évolutif qui sera révisé au fil du temps – n’hésitez pas à proposer de nouveaux exemples et à partager vos commentaires via ichngoforum.research(at)gmail.com

Pourquoi se focaliser sur le patrimoine vivant et le tourisme durable ?

La relation entre la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) et le tourisme peut ne pas sembler évidente a priori, mais elle existe sans aucun doute. Chaque fois que la pratique ou la représentation du PCI devient une destination pour les voyageurs étrangers à la communauté de pratique, le « tourisme du PCI » se produit inévitablement. Les éléments du patrimoine vivant tels que les pratiques alimentaires ou gastronomiques, l’artisanat, les arts, les traditions locales, la musique et de nombreuses pratiques sociales font souvent partie de ce que les voyageurs veulent découvrir, selon leurs motivations, à côté des sites patrimoniaux et des paysages naturels. Partout, les voyageurs recherchent des expériences où ils peuvent interagir directement avec la communauté d’accueil en participant à ses activités. Ils veulent goûter de nouveaux aliments dans des lieux locaux, assister activement aux spectacles, séjourner dans des quartiers résidentiels et rencontrer des praticiens du PCI.

Cependant, la relation entre le PCI et le tourisme nécessite une attention particulière en raison des bénéfices potentiels du tourisme pour la sauvegarde et le maintien des pratiques culturelles mais aussi des conséquences néfastes que le tourisme peut avoir pour les praticiens du patrimoine et leurs communautés. Le tourisme du PCI, lorsqu’il est pratiqué de manière appropriée, cadre bien avec les tendances croissantes du tourisme expérientiel, du tourisme « lent » (slow tourism) et du tourisme axé sur les communautés. Les interactions entre les praticiens du PCI et les acteurs du tourisme peuvent se traduire par une meilleure sauvegarde du PCI, de meilleurs moyens de subsistance pour les communautés locales, de nouvelles incitations à la transmission des savoir-faire patrimoniaux et de nouveaux types d’activités touristiques passionnantes, mais elles peuvent également menacer l’identité ou les pratiques et expressions culturelles des communautés détentrices ou des groupes.

De nombreux facteurs doivent être pris en compte afin de sauvegarder le patrimoine immatériel et d’offrir des expériences touristiques du PCI qui soient durables, responsables et de qualité. Il s’agit notamment de l’évaluation anticipée de l’impact potentiel du tourisme sur le PCI ; de sauvegarder le PCI tout en permettant son adaptation à l’évolution des circonstances ; de la gestion des visiteurs pour lutter contre le sur-tourisme ; de promouvoir le développement durable, incluant des moyens de subsistance équitables fondés sur un travail décent ; du développement de produits et services appropriés liés au PCI ; d’assurer la continuité des traditions ; de favoriser l’emploi local et la propriété d’entreprises touristiques ; ou d’éduquer tout en divertissant (« edutainment »). Chacun de ces points doit être considéré et développé afin de respecter la viabilité des pratiques patrimoniales immatérielles des communautés et des praticiens concernés et offrir une activité touristique réfléchie.

S’il n’est pas géré de manière appropriée et respectueuse en collaboration avec les communautés concernées, le tourisme peut conduire à la dégradation du PCI et du sentiment d’identité de ces communautés, il peut causer d’importants dommages aux ressources historiques et culturelles et peut facilement miner la (les) valeur(s) du PCI 1. Il peut également affecter l’image de soi des praticiens, des communautés et des groupes, ou provoquer l’abandon de leurs pratiques, induisant des phénomènes tels que la gentrification par le déplacement d’entreprises locales et de logements abordables, entre autres conséquences dramatiques.

 

Pourtant, lorsqu’elles sont bien pensées, les activités touristiques peuvent être bénéfiques pour les praticiens du PCI et leur communauté ou les groupes locaux en augmentant la valeur économique, sociale et culturelle du PCI 2. Des musiciens et des danseurs se produisent devant un public nouveau et plus large ; les jeunes sont formés aux pratiques traditionnelles de construction, à l’artisanat et aux arts du spectacle ; des entreprises locales et créatives émergent et prospèrent ; et le PCI précédemment ignoré ou négligé gagne un nouveau respect et une nouvelle reconnaissance grâce à l’intérêt des touristes.

 

La Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003) a reconnu la nécessité d’un cadre officiel pour sauvegarder le PCI et vise à donner des lignes directrices à ce sujet. Ses Directives Opérationnelles (paragraphe 187) contiennent des recommandations concernant la sauvegarde du PCI dans les activités touristiques. Celles-ci soulignent la nécessité pour les activités touristiques de respecter la sauvegarde du PCI ainsi que les souhaits et les besoins des communautés d’accueil. Elles invitent également à équilibrer les intérêts des entreprises touristiques, des gouvernements et des praticiens de la culture pour assurer la viabilité, le respect des significations culturelles et des fonctions sociales ainsi que la durabilité du PCI, et encouragent l’adoption de mesures juridiques, techniques, administratives et financières, y compris les droits de propriété intellectuelle, les droits à la vie privée et toutes autres formes appropriées de protection juridique, pour assurer la sauvegarde. L’UNESCO a également adopté des principes éthiques qui s’appliquent à toutes les dimensions du PCI, y compris le développement du tourisme 3. Le Cadre Global de Résultats de l’UNESCO pour le PCI établit un lien entre le « développement économique inclusif », le tourisme et les objectifs de développement durable 4.

En atténuant et en évitant les impacts négatifs du tourisme sur les éléments du PCI, le tourisme durable peut offrir de grandes opportunités pour la sauvegarde. Il faut tenir compte des impacts actuels et futurs du tourisme sur le PCI, y compris dans ses dimensions économiques, sociales et environnementales 5.

Comment faire de manière à maximiser les bénéfices du développement durable pour les communautés détentrices, ainsi qu’à promouvoir la sauvegarde du PCI ?

Le tourisme durable doit être développé de manière très réfléchie, afin de respecter le patrimoine vivant et ses praticiens, en adoptant des stratégies visant à diminuer et atténuer l’impact négatif du tourisme sans passer à côté des bénéfices. Ces stratégies peuvent inclure un usage des droits de propriété intellectuelle et du marketing qui soient sensibles au patrimoine, ainsi que des stratégies de numérisation. Les acteurs du tourisme et du patrimoine doivent accepter que le tourisme est partout, et peut donc affecter le PCI, et déployer des efforts pour la redistribution significative des revenus liés au tourisme aux communautés détentrices. Les entreprises touristiques locales doivent être encouragées et les praticiens doivent en bénéficier directement sur le plan économique. Il y a un besoin urgent d’idées innovantes en lien avec le développement durable, et d’approches qui concilient tourisme et sauvegarde du PCI. Les questions éthiques, notamment en rapport avec les communautés détentrices impliquées, devraient être abordées lors de la création de codes éthiques pour le tourisme du PCI. Cela devrait être l’un des principaux axes de notre travail à l’avenir.

Les agences internationales sont de plus en plus conscientes des mauvais exemples adoptés dans le passé et ressentent la nécessité d’apporter un soin approprié au PCI et à ses praticiens 6. En 2015, les participants au Sommet mondial du tourisme durable ont contribué à la rédaction de la Charte mondiale du tourisme durable +20. Cette charte témoigne de la prise de conscience de ce lien fort, c’est pourquoi elle affirme que « le tourisme, l’une des forces économiques et sociales les plus puissantes du monde, peut et doit renforcer le rôle déterminant du patrimoine, matériel et immatériel, dans la société contemporaine, en consolidant la culture, l’identité et la diversité comme points de référence essentiels pour le développement de nombreuses destinations » 7.

Cette boîte à outils vise à aider à relever ces défis, en offrant des outils, des ressources et en partageant des expériences susceptibles d’enrichir et d’inspirer vos futures initiatives à l’intersection du PCI et du tourisme. Elle propose aux praticiens du PCI des voies pour permettre aux communautés de représenter leur PCI auprès des touristes dans le respect de leur choix, en autorisant un accès sélectif le cas échéant.

2. CONCEPTS DE BASE

Qu'est-ce que le PCI ?

« Aujourd’hui, même dans un monde de communication de masse et de flux culturels mondiaux, de nombreuses formes de patrimoine vivant prospèrent, dans tous les pays et tous les coins du monde. » 8

The 2003 UNESCO Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage (ICH) set in motion a growing global movement to sustain cultural practices. It extended efforts to safeguard heritage beyond conservation and protection of physical objects and monuments, defining ICH as: “the practices, representations, expressions, knowledge, skills – as well as the instruments, objects, artefacts and cultural spaces associated therewith – that communities, groups and, in some cases, individuals, recognize as a part of their cultural heritage”.8

La Convention de l’UNESCO de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) a déclenché un mouvement mondial croissant pour soutenir les pratiques culturelles. Elle a étendu les efforts de sauvegarde du patrimoine au-delà de la conservation et de la protection des objets physiques et des monuments, définissant le PCI comme : « les pratiques, représentations, expressions, savoirs, savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, dans certains cas, les individus, reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel » 9

Le PCI se transmet au fil du temps et entre les générations. S’il est enraciné dans le passé, il est aussi dynamique, modifié, transformé ou recréé par les communautés ou les groupes en relation avec leur environnement culturel et naturel (10). Le PCI n’est pas stagnant, c’est un patrimoine vivant évoluant avec les gens et le temps, s’adaptant aux nouvelles circonstances, changeant grâce à la créativité de ses praticiens. Il ne peut pas être figé dans un état ou une période de temps spécifique. Le PCI se retrouve dans chaque communauté et groupe humain. La Convention de 2003 énumère certains des domaines dans lesquels le PCI peut se manifester comme suit 11 :

  1. les traditions et expressions orales, y compris la langue en tant que véhicule du patrimoine culturel immatériel ;
  2. les arts du spectacle ;
  3. les pratiques sociales, rituels et événements festifs ;
  4. les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ;
  5. l’artisanat traditionnel.

Dans cette boîte à outils, l’expression « patrimoine vivant » est utilisée comme synonyme de patrimoine culturel immatériel.

  • 8 Bureau de l’UNESCO à Bangkok et Bureau régional pour l’éducation en Asie et dans le Pacifique, Initiative d’établissement du Centre du patrimoine immatériel pour l’Asie-Pacifique (2008). Safeguarding Intangible Heritage and Sustainable Cultural Tourism: Opportunities and Challenges. UNESCO-EIIHCAP Regional Meeting, 22. Disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732
  • 9 UNESCO (2003). Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Disponible sur : https://ich.unesco.org/en/convention
  • 10 UNESCO (2011). Dossier de presse – Sixième session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (6.COM), 4. Disponible sur : https://ich.unesco.org/doc.src.15164-EN.pdf
  • 11 UNESCO (2003). Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. 2-3. Disponible sur : https://ich.unesco.org/en/convention

Qu'entend-on par « sauvegarder » ?

Depuis l’entrée en vigueur de la Convention de l’UNESCO de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, il y a eu un intérêt international croissant pour la reconnaissance, la sauvegarde et le maintien du patrimoine vivant au profit des générations actuelles et futures.

La Convention de l’UNESCO de 2003 définit la « sauvegarde » comme l’ensemble des mesures prises pour assurer la viabilité du PCI. Selon la Convention, cela peut se faire par « l’identification, la documentation, la recherche, la préservation, la protection, la promotion, la valorisation, la transmission » et par « l’éducation formelle et non formelle, ainsi que la revitalisation des différents aspects de ce patrimoine » 12.

S’agissant d’un patrimoine vivant, dynamique et en constante évolution, le PCI ne doit pas être sauvegardé d’une manière qui le fige ou le fixe sous une forme ou une autre. Il est important pour le PCI qu’il évolue par des adaptations et de la créativité en réponse à des contextes changeants ou à de nouvelles circonstances, tout en conservant les valeurs fondamentales que la communauté concernée attache à la pratique culturelle. Sauvegarder, c’est transmettre non seulement les savoirs et savoir-faire des détenteurs, mais aussi les fonctions, les valeurs et la signification du patrimoine vivant. Les mesures de sauvegarde devraient renforcer ce « changement continu » qui définit le PCI et permettre sa transmission aux générations futures 13.

La Convention de l’UNESCO de 2003, qui a été ratifiée par 180 États parties, met l’accent sur le rôle central des communautés, des groupes et – dans certains cas – des individus, dans la reconnaissance des pratiques culturelles qu’ils chérissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel et dans sa sauvegarde selon leurs propres termes 14. Les mesures de sauvegarde doivent émaner, dans la mesure du possible, de ces communautés détentrices plutôt que d’un tiers qui n’est pas attaché à la pratique culturelle et qui pourrait en dénaturer la valeur. En effet, selon la Convention, toute mesure de sauvegarde doit être approuvée par la communauté ou le groupe de personnes concernés.

Ainsi, la sauvegarde du PCI est assurée en premier lieu par les communautés, groupes et individus concernés, par ceux qui pratiquent et transmettent le patrimoine. En outre, ces acteurs communautaires peuvent être soutenus par des collaborations entre les parties prenantes qui incluent, par exemple, des agences gouvernementales, des ONG et des spécialistes culturels.

  • 12 UNESCO (2003). Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, 6. Disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/convention
  • 13 Le texte de la Convention de l’UNESCO de 2003 utilise le concept englobant et ouvert de « communautés, groupes et, dans certains cas, d’individus ». Ces dernières années, vous pouvez également rencontrer ce concept abrégé ou référencé dans le champ du PCI sous le sigle « CGI ».
  • 14 Conserver sans figer. Disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/safeguarding-00012

Qu'est-ce que le tourisme ?

Les gens voyagent depuis des temps immémoriaux, mais le tourisme – les voyages de loisirs – est un phénomène plus récent. Il est né des tendances sociales modernes de l’Europe occidentale du XVIIe siècle, bien qu’il remonte à l’Antiquité classique et soit lié aux pratiques de pèlerinage en Asie de l’Est qui ont commencé des siècles plus tôt. L’Organisation mondiale du tourisme – OMT- définit le tourisme comme « les activités des personnes voyageant et séjournant dans des lieux en dehors de leur environnement habituel pendant pas plus d’une année consécutive à des fins de loisirs, d’affaires et autre » (OMT, 2010). Bien qu’il n’y ait pas une définition largement acceptée, le tourisme est devenu une industrie qui génère une grande variété d’activités telles que l’offre d’hébergement, transport, activités, services, nourriture, divertissement ainsi que l’éducation pour les professionnels du tourisme.

Le tourisme peut prendre de multiples formes.

Le tourisme peut prendre plusieurs formes. Il peut être patrimonial, agricole, éducatif, maritime, durable, médical, ainsi que lié à la santé ou au bien-être, à l’aventure, à l’adoption d’un pays autre que celui de sa naissance, à la vie indigène, au sport ou à la gastronomie : il y a aussi « le tourisme noir » vers des lieux de mort et de catastrophes naturelles, le tourisme des bidonvilles vers les communautés pauvres ou le tourisme sexuel parmi d’autres types de tourisme. Selon l’OMT – l’Organisation mondiale du tourisme – un produit touristique est une combinaison d’aspects matériels et immatériels ; il peut impliquer des ressources naturelles et culturelles ainsi que des attractions, des installations, des services et des activités liés à un intérêt spécifique 15. En 2019, l’industrie du tourisme représentait 10,3 % et a contribué pour 8,9 billions de dollars américains au produit intérieur brut mondial. Il représentait 330 millions d’emplois dans le monde (un emploi sur dix) et il continue de croître 16.

Le tourisme est resté, jusqu’à la pandémie de COVID-19, l’une des activités économiques les plus dynamiques au monde, même si les modes de consommation ont changé ces dernières années 17.

Selon leurs motivations, les touristes souhaitent découvrir un pays et ses sites patrimoniaux mais aussi sa culture, sa gastronomie, ses pratiques et traditions locales et sociales, son artisanat, ses arts ou sa musique. Tous ces éléments, et bien d’autres encore, illustrent ce que peut représenter le patrimoine immatériel. Dernièrement, on a observé combien les touristes, ou visiteurs, ont un intérêt croissant pour les aspects du patrimoine immatériel d’une destination tels que la « culture quotidienne », la créativité ou les arts 18. Ils recherchent des expériences immersives et participatives qui offrent des rencontres directes avec des personnes d’une autre culture, dans des situations non mises en scène, à l’opposé des expériences aliénantes du tourisme de masse. Les touristes s’aventurent maintenant dans des régions reculées où la vie est vécue au jour le jour, séjournant dans des maisons Airbnb et privées et mangeant dans des restaurants qui ne s’adressent pas habituellement aux touristes. De telles expériences immersives et expérientielles dans l’arrière-région peuvent avoir des implications importantes pour les lieux de rassemblement locaux, la vie privée et les pratiques du PCI des communautés concernées.

Comment le patrimoine est-il lié au tourisme ?

Le patrimoine constitue une part importante du tourisme, en tant que l’une de ses composantes les plus significatives et à la croissance la plus rapide. Le tourisme patrimonial peut concerner la religion, les villes historiques et l’environnement bâti, les sites industriels, les lieux de vie des groupes de la diaspora et leur patrimoine culturel vivant, entre autres dimensions du patrimoine. Le patrimoine et le tourisme « sont devenus inextricablement liés et dépendent l’un de l’autre » (19).

Il existe de nombreux types de PCI et une grande variété d’activités touristiques liées à ces pratiques. Les touristes eux-mêmes peuvent vouloir se rendre à un certain endroit pour une occasion spécifique ou un événement culturel traditionnel. Il s’agit notamment d’événements publics ou de pratiques tels que le jour des morts mexicain, la danse traditionnelle Apsara au Cambodge, le carnaval de Venise en Italie, l’artisanat traditionnel masaï au Kenya et en Tanzanie, les processions de la semaine sainte en Espagne, les festivals Holi en Inde, le festival des Lumières à Lyon en France, la Saint-Patrick en Irlande, la fabrication de la bière en Belgique ou l’artisanat de la soie en Chine, pour ne citer que quelques exemples.

Il peut donc y avoir autant de raisons de visiter un lieu qu’il y a de touristes, et nombre d’entre elles sont liées à une forme de patrimoine immatériel. Le tourisme lié au PCI peut apporter des bénéfices aux communautés et peut les aider dans leurs efforts de sauvegarde. L’accueil d’activités touristiques (festivals, événements, spectacles, etc.) peut permettre de promouvoir la valeur du PCI et contribuer à sa transmission ainsi qu’augmenter la valeur économique, sociale et culturelle du patrimoine immatériel 20.

Les pratiques du PCI sont très attrayantes pour de nombreux visiteurs, mais les activités inappropriées, le sur-tourisme et les pratiques touristiques intrusives peuvent menacer l’identité et la transmission du PCI. Par conséquent, il existe une relation complexe entre le tourisme et le PCI, qui doit être gérée avec soin.

Exemple : Tourisme culinaire et patrimoine culinaire vivant

Certaines niches du tourisme sont particulièrement liées à des formes d’expression du patrimoine immatériel. C’est par exemple le cas du tourisme culinaire. La nourriture est un élément essentiel de tout voyage, et les visiteurs en font souvent l’expérience tout au long de leur visite. Celle-ci peut être le but principal du voyage, mais elle est également présente dans tous les types de tourisme dans le cadre de l’expérience du visiteur. Elle peut impliquer une exploration intentionnelle des habitudes alimentaires du pays/de la région/de la zone visités et elle est souvent liée aux perceptions des visiteurs de ce qui est « authentique », parfois « exotique » dans cette forme de PCI 21,. Certains voudront peut-être se lancer dans l’aventure alimentaire (l’acte de consommer quelque chose qu’on ne mangerait pas habituellement dans sa propre culture) ou découvrir l’altérité : une nouvelle technique de cuisson, un système alimentaire, un festin traditionnel, une façon de manger ou de servir, etc.

Le tourisme culinaire peut aussi transformer les pratiques sociales d’une région ou d’une ville. Les praticiens, conscients des différences de goûts chez les touristes, peuvent adapter leurs plats, leur présentation ou la mise en place de la table et du menu en fonction des attentes des touristes. Par exemple, certains restaurants utilisent un décor spécifique dont ils savent qu’il correspond à la perception de leur propre culture par les touristes, pour rendre leur établissement reconnaissable et rassurant dans l’esprit des visiteurs. D’autres adapteront leur recettes aux habitudes des touristes en proposant des plats moins épicés, plus fades ou plus simples, qu’ils jugent plus accessibles pour des palais moins habitués à ces ingrédients dits « exotiques » mais locaux. La « sélection du menu » est une autre stratégie : les touristes peuvent associer un plat à une région, une culture selon leurs propres perceptions et représentations, et les praticiens peuvent souhaiter proposer un menu qui les séduira en supprimant certains éléments considérés comme « désagréables » par les clients 22. Malgré ces évolutions possibles des pratiques culinaires et donc du patrimoine culturel immatériel, il faut aussi mentionner que le tourisme culinaire peut transformer le statut de l’alimentation. Un plat peut passer d’un simple aliment de subsistance à une forme d’expression traditionnelle valorisée, avec une signification culturelle complexe, et être considéré comme digne de sauvegarde.

3. POURQUOI et COMMENT le tourisme peut-il améliorer ou mettre en danger la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ?

Pourquoi le PCI est-il attractif pour le tourisme ?

La fin du XXe siècle a marqué un changement majeur dans la perception du patrimoine culturel. Alors que pendant la majeure partie du siècle, le patrimoine était considéré comme « centré sur l’objet », il est passé à une approche « centrée sur le sujet ». « S’éloignant progressivement d’objets « sacralisés » vers des fonctions, il est davantage appréhendé comme un agent et un processus, intégrant des enjeux sociaux, culturels et environnementaux » (Gravari-Barbas, 2020). Les valeurs humaines et démocratiques du patrimoine ont gagné en importance et en visibilité. Le patrimoine ne se limite plus à ses aspects physiques et tangibles, même dans le tourisme grand public, qui s’est concentré sur les monuments et les paysages naturels. Une « compréhension renouvelée du patrimoine culturel » a émergé (Gravari-Barbas, 2020). Des documents tels que la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ont contribué à ces nouvelles perspectives sur le patrimoine. Le PCI est devenu de plus en plus visible, populaire et expérimental, reflétant une tendance également dans le tourisme « expérientiel ». Cet intérêt croissant pour l’expérience culturelle vivante, incluant la musique traditionnelle, l’artisanat, la danse et les habitudes alimentaires est désormais indéniable. Les touristes peuvent souhaiter découvrir un pays ou une région et ses sites patrimoniaux, tout en explorant sa gastronomie, ses festivals, ses pratiques sociales et sa musique, par exemple.

Les pratiques touristiques évoluent, les visiteurs s’émancipent des grandes entreprises et des voyages organisés pour trouver leur propre voie touristique. De nouveaux acteurs émergent dans l’industrie du tourisme, qui ne sont pas nécessairement des « professionnels » du tourisme. L’un des exemples les plus significatifs est l’utilisation d’options d’hébergement privé au lieu de chambres d’hôtel. Airbnb et d’autres services de séjour chez l’habitant sont devenus la norme lorsqu’il s’agit de trouver un logement. De même, on assiste à l’émergence d’« expériences culinaires : cuisinez et mangez avec les locaux / découvrez les traditions culinaires cachées » et d’autres expériences liées au PCI, y compris l’artisanat. Les « Greeters » (habitant locaux qui proposent des visites aux touristes) deviennent les nouveaux guides ; les communautés locales accueillent des personnes qui souhaitent découvrir et participer à la « vie quotidienne ». Les visiteurs sont partout et pas seulement dans des zones désignées pour le tourisme en raison de leur désir de découvrir de « vrais » atouts culturels 23.

  • 23 Gravari-Barbas, M. (2020). ‘Heritage and tourism: from opposition to coproduction’, A Research Agenda for Heritage Tourism. Cheltenham, UK: Edward Elgar Publishing, 4. Disponible sur : https://doi.org/10.4337/9781789903522.00007

Quel est l'impact du tourisme sur la sauvegarde du PCI ?

Une relation complexe entre PCI et tourisme

Le tourisme peut avoir des impacts diversifiés sur la sauvegarde du PCI ⎼ bons, mauvais et les deux à la fois. Il y a autant de raisons de voyager qu’il y a de personnes, et vivre le PCI est un facteur de motivation majeur. Les touristes recherchent le patrimoine vivant comme dimension du voyage, notamment lors de voyages principalement consacrés au tourisme patrimonial ou culturel, qui se développent comme types de tourisme. Cependant, il est important de se rappeler que le tourisme donne lieu à une industrie (entre autres effets) qui vise à générer et accroître ses profits grâce aux consommateurs des produits touristiques. Celle-ci crée des offres touristiques qui cherchent à répondre aux intérêts des touristes. Fréquemment, le PCI devient un bien touristique lorsqu’il est présenté en dehors des contextes où il est habituellement pratiqué. En tant que marchandise, il peut apporter de nouvelles sources de revenus à ses praticiens, de nouveaux marchés pour l’artisanat et les aliments traditionnels, et des bénéfices économiques pour la communauté dans son ensemble. Mais il peut aussi changer de signification(s) culturelle(s) lorsqu’il est pratiqué principalement pour la consommation des touristes et qu’il est considéré essentiellement comme une ressource économique 24. Cela risque de profiter de manière disproportionnée aux élites locales et aux investisseurs extérieurs plutôt qu’aux praticiens et aux petites entreprises locales durables. Le PCI devenient uniquement un produit de consommation pour les touristes, lorsqu’il cesse d’être pratiqué dans des contextes communautaires 25.

Dans certains cas, les pratiques du PCI qui étaient auparavant totalement dépourvues de toute activité liée au tourisme sont devenues une attraction pour les visiteurs à mesure que le tourisme se développait, modifiant les pratiques culturelles pour les détenteurs et les communautés. Même s’il peut apporter des revenus à la communauté et être réinvesti dans des initiatives locales ou culturelles, le PCI ne peut être déconnecté des pratiques et traditions collectives. (Note : un tel changement apparaît généralement progressivement, ce qui rend difficile l’évaluation de ces impacts.)

Exemple : Les danses balinaises, de la tradition au tourisme

Certaines danses balinaises exécutées pour les touristes sont des versions condensées et simplifiées des danses traditionnelles. Certaines sont même de nouvelles chorégraphies conçues spécialement pour ce public. Elles sont souvent rendues accessibles aux visiteurs en simplifiant les codes linguistiques, les conventions dramaturgiques et les références littéraires, que les touristes ne connaissent pas. Bien que ces danses aient désormais un objectif et une signification culturelle différents, elles offrent également une expérience et une formation aux danseurs ainsi que des avantages financiers. Les revenus sont réinvestis dans la pratique pour acheter du matériel et de l’équipement pour les danseurs qui se produisent de manière traditionnelle pour le public balinais, hors de la vue des touristes 26.

Le changement et les transformations sont souvent redoutés lorsqu’on parle de PCI ; néanmoins son essence, en tant que patrimoine vivant, est d’évoluer avec ses praticiens, son environnement et son temps. Cela rend les processus de tourisme du PCI en lien avec la sauvegarde souvent complexes, nuancés ou ambivalents à évaluer. Le tourisme contribue à des changements à la fois grands et petits. Parfois, cela conduit à prendre conscience de l’importance du patrimoine immatériel et de la nécessité de créer des cadres juridiques ou d’utiliser des mécanismes juridiques pour le sauvegarder, parfois cela conduit à prendre conscience que les changements ne sont pas exclusivement négatifs, et qu’ils peuvent également être perçus comme une source de créativité et une force pour les communautés et leur culture.

Exemple : Le Festival Alarde de Fuenterrabia, destruction et construction du PCI

Le Festival Alarde de Fuenterrabia commémore une victoire basque sur les Français au XVIIe siècle. Jusque dans les années 70, cette pratique rassemblait tous les habitants, quelle que soit leur classe sociale, car la participation était quasi totale et sa symbolique d’une grande importance pour la ville. Cependant, le festival a commencé à être utilisé comme une attraction touristique par le gouvernement municipal. Il est devenu davantage une manifestation organisée pour les touristes, ce qui a entraîné une baisse de l’implication et de l’intérêt des résidents pour la pratique du patrimoine vivant. Plus les touristes venaient voir le festival, moins les locaux participaient. Le festival a perdu une grande partie de son sens et de sa valeur pour la communauté car il est devenu un produit touristique organisé deux fois par jour au lieu d’une, conçu pour générer des revenus touristiques pour la ville. Ainsi, en l’espace de deux ans, le festival, qui avait été d’une importance vitale pour les membres de la communauté, est devenu une attraction touristique. Mais, au fil de nombreuses années, le festival – même sous sa forme banalisée – a suscité un regain d’intérêt pour les droits politiques régionaux et reflété une prise de conscience accrue du patrimoine régional. Ce cas illustre le fait que ce qui était autrefois considéré comme destructeur peut également devenir, à certains égards, une forme bénéfique de construction culturelle 27.

  • 24 Zhu, Y. et Salazar, N.B. (2015). ‘Heritage and Tourism’, In Meskell, L. (ed.) Global Heritage: A Reader. John Wiley & Sons, Inc. 242. Disponible sur : https://www.academia.edu/12739602/Heritage_and_Tourism
  • 25 Zhu, Y. et Salazar, N.B. (2015). ‘Heritage and Tourism’, In Meskell, L. (ed.) Global Heritage: A Reader. John Wiley & Sons, Inc. 243. Disponible sur : https://www.academia.edu/12739602/Heritage_and_Tourism
  • 26 Picard, M. (1990). « Le tourisme culturel à Bali : les performances culturelles comme attraction touristique », Indonésie, 49, 37-74. Disponible sur : https://doi.org/10.2307/3351053
  • 27 Greenwood, D. J. (1977). ‘Culture by the Pound: an Anthropological Perspective on Tourism as Cultural Commoditization’ in Smith, V. L. (ed.), Hosts and Guests: the Anthropology of Tourism. Blackwell Publishers. 129-138

Comment le tourisme peut-il mettre en danger la sauvegarde du PCI ?

Le tourisme peut entraîner la dégradation ou la perte de traditions ainsi que des dommages pour l’identité d’une communauté patrimoniale. Ce risque est d’autant plus grand que les développements touristiques sont mal planifiés et insensibles à la culture et aux intérêts locaux, que ce soit consciemment ou non. Même si le tourisme peut avoir des avantages à court terme, s’il n’est pas planifié ou mal géré, il peut endommager les ressources, qu’elles soient historiques ou culturelles, et saper leur(s) valeur(s) 28. Lorsque les communautés et les groupes détenteurs ne sont pas suffisamment impliqués dans la planification et le développement du tourisme, des détournements peuvent se produire, leurs droits peuvent ne pas être respectés, ils peuvent éventuellement avoir une image négative d’eux-mêmes et porter atteinte à leurs valeurs culturelles, limitant ainsi les bénéfices. Certaines pratiques du PCI ont été radicalement modifiées ou ont totalement disparu après être devenues des performances purement touristiques.

Le tourisme peut changer radicalement le rythme de l’année en tant qu’activité saisonnière, perturbant et affaiblissant les pratiques culturelles cycliques. Cela peut également amener les communautés à se désintéresser des pratiques du PCI ou à les abandonner complètement au profit d’un secteur touristique plus lucratif et exigeant une attention accrue. Dans de nombreux endroits du monde, le tourisme est une « monoculture » : comme c’est le cas dans le secteur agricole lorsqu’il y a dépendance à une seule culture, des catastrophes ou des conditions imprévues peuvent dévaster une économie. Le tourisme en tant que monoculture signifie également que le PCI lié à d’autres sources de subsistance perd ses fonctions 29. Le grand danger du tourisme en tant que monoculture a été illustré de manière dramatique pendant une grande partie de la pandémie de COVID, qui a eu un impact désastreux sur de nombreuses communautés dépendant du tourisme comme principale source de revenus.

Visites cannibales

En 1988, alors que la sensibilisation au patrimoine vivant grandit dans le monde entier, Denis O’Rourke tourne un documentaire anthropologique en Papouasie-Nouvelle-Guinée intitulé Cannibal Tours 30. Ce film met en scène les changements de comportement de la population locale dus à l’arrivée du tourisme, perturbant inconsciemment l’équilibre social, les pratiques culturelles et sociales des Papous. Ce documentaire met en lumière la gestion touristique des représentations culturelles alors façonnées et déformées, lorsque les touristes occidentaux partaient en « safaris » parmi les « nobles sauvages », pour reprendre Michel de Montaigne désignant une idéalisation des peuples autochtones 31. O’Rourke souligne le voyeurisme dans le tourisme au XXe siècle, qui peut encore être visible dans certaines activités touristiques mal gérées où les populations locales sont présentées de manière négativement objectivée et marchandisée.

Lorsque les industries touristiques sont détenues et exploitées par des intérêts extérieurs, sans participation des communautés concernées à la planification et à la prise de décision, les personnes deviennent dépendantes d’un salaire dit « externe », avec une perte d’autonomie sur une base locale ou nationale. Et si le nombre de personnes travaillant pour cette entreprise augmente, d’autres activités peuvent cesser. Dans les endroits contrôlés par les grandes entreprises touristiques, des perturbations familiales sont souvent observées alors que les plus jeunes cherchent à gagner de l’argent en quittant leur ville natale et leur famille. Ce phénomène peut impliquer un exode massif là où se trouve l’argent 32. Il en résulte un flux migratoire interne qui crée un déséquilibre dans l’exploitation des ressources naturelles, perturbe l’ordre social et entraîne de graves dommages au PCI. Dans les grandes villes où le tourisme représente une part importante de l’économie locale, les prix des terrains, des loyers, des droits d’entrée et le coût de la vie augmentent drastiquement en raison de la présence des touristes, générant fréquemment une gentrification 33. Les habitants fuient les centres-villes à cause de cet impact négatif du tourisme urbain, et le (sens du) lieu lui-même peut changer 34.

Le marketing du patrimoine gastronomiques de Macao

Les attractions gastronomiques de la ville ont contribué à faire de Macao une destination touristique importante dans la région. La commercialisation du patrimoine gastronomique comme les délices pâtissiers a participé à cette évolution. Cependant, le tourisme a entraîné des perturbations économiques et créé une situation tendue pour les résidents, : bien qu’ils profitent de cette activité touristique à bien des égards, ceux-ci sont poussés à la périphérie de la ville et ne peuvent plus vivre comme avant en raison de l’augmentation des loyers 35.

La Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ainsi que la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont devenues des symboles de « reconnaissance culturelle » et de « valeur » aux yeux des touristes, même si l’augmentation du tourisme n’était pas l’objectif de ces désignations. La Liste du patrimoine mondial a même été qualifiée de « guide touristique en constante expansion vers des centaines de merveilles du monde moderne ». Les Listes ont eu un « effet marketing » substantiel. Il est de notoriété publique que les dossiers de candidature aux listes de l’UNESCO sont préparés dans l’espoir d’attirer un afflux de touristes, ce qui génère des retombées économiques importantes. Dans certains contextes, non seulement la compréhension semble manquer de ce qu’une inscription sur la Liste du patrimoine mondial est censée être ou faire, mais le développement du tourisme est même combiné avec la disparition des pratiques culturelles traditionnelles locales. Certains gouvernements locaux ont pris la question en main et sont devenus des groupes d’intérêt avec leurs propres idées de marketing et programmes politiques où le profit est le principal ou le seul objectif, sans modèle de gestion durable ni mesures appropriées de sauvegarde du patrimoine 36.

Touristification du patrimoine inscrit à l’UNESCO

Les fêtes du feu du solstice d’été dans les Pyrénées ont été nominées par l’Andorre, l’Espagne et la France et inscrites sur la Liste Représentative de l’UNESCO en 2015. Les fêtes du solstice ont traditionnellement lieu le 23 juin (jour de la Saint-Jean). Une fois sur la Liste représentative, cependant, un gouvernement local en France a modifié le calendrier, de sorte que celles-ci se produisent un samedi et attirent plus de touristes.

En Espagne, l’inscription a généré un afflux de touristes avec un impact sur la pratique : dans les villages concernés, une partie des praticiens, notamment des jeunes, sont mobilisés pour accueillir les visiteurs au lieu de participer au rituel ; certains préfèrent alors quitter leur village pour célébrer le rituel dans un autre qui n’est pas concerné par l’inscription ; finalement, certaines autorités locales ont décidé de fermer l’accès public au village pendant les festivités.

  • 28 Bureau de l’UNESCO à Bangkok et Bureau régional pour l’éducation en Asie et dans le Pacifique, Initiative d’établissement du Centre du patrimoine immatériel pour l’Asie-Pacifique (2008). Safeguarding Intangible Heritage and Sustainable Cultural Tourism: Opportunities and Challenges. UNESCO-EIIHCAP Regional Meeting, 4. Disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732
  • 29 El Alaoui, F. « L’impact social », Blog Le tourisme équitable. Disponible sur : https://tourismeequitable.wordpress.com/limpact-du-tourisme-classique/limpact-social/
  • 30 O’Rourke, D. (1988). Cannibal Tours. 67 minutes, produit par IPNGs.
  • 31 Montaigne, M. (1962). Essais, I,31. Paris : Garnier.
  • 32 O’Rourke, D. (1988). Cannibal Tours. 67 minutes, produit par IPNGs.
  • 33 Zhu, Y. et Salazar, N.B. (2015). ‘Heritage and Tourism’, In Meskell, L. (ed.) Global Heritage: A Reader. John Wiley & Sons, Inc. 243. Disponible sur : https://www.academia.edu/12739602/Heritage_and_Tourism
  • 34 Jeanmougin, H. « Gentrification, nouveau tourisme urbain et habitants permanents : des conflits de coprésence révélateurs de “normes d’habiter” divergentes », Téoros (1)39. Disponible sur : http://journals.openedition.org/teoros/4007
  • 35 Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies (2012), Tourism and Intangible Cultural Heritage. 55-56. Disponible sur : https://doi.org/10.18111/9789284414796
  • 36 Zhu, Y. et Salazar, N.B. (2015). ‘Heritage and Tourism’, In Meskell, L. (ed.) Global Heritage: A Reader. John Wiley & Sons, Inc. 247. Disponible sur : https://www.academia.edu/12739602/Heritage_and_Tourism

Comment le tourisme peut-il valoriser et soutenir les actions de sauvegarde ?

« Le gain économique du tourisme peut aussi être très bénéfique pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. » 37

La valeur économique, sociale, environnementale et culturelle du patrimoine culturel immatériel peut être renforcée par le tourisme (durable) basé sur le PCI au profit des communautés, groupes ou individus concernés 38). D’un point de vue économique, le tourisme fondé sur le PCI peut offrir de nouvelles possibilités d’emploi aux populations locales et réduire la pauvreté. Le tourisme peut devenir un moyen de générer de nouvelles sources de revenus qui restent dans la communauté, grâce à des initiatives locales, conçues pour sauvegarder et renforcer le PCI pour sa continuité à long terme 39. Cela induit souvent une formation communautaire aux outils et à la gestion du tourisme, ce qui peut ouvrir la voie à la création d’entreprises touristiques locales, idéalement détenues par les communautés porteuses elles-mêmes qui sont ainsi en mesure de prendre leurs propres décisions d’investissement et de marketing. Le tourisme peut contribuer au développement rural lorsqu’il y a une « fuite » minimale des bénéfices économiques.

Opportunités d’emploi au Shewula Mountain Camp

Au Swaziland, le Shewula Mountain Camp a été créé et est entièrement détenu et géré par une communauté locale. Le Shewula Mountain Camp offre aux visiteurs la possibilité de découvrir le PCI local comme les chants et les danses, l’artisanat local et les croyances traditionnelles. Tous les bénéfices sont distribués aux membres de la communauté pour développer et améliorer leur quotidien. Le tourisme génère de nombreuses opportunités d’emploi non seulement dans le camp lui-même mais aussi autour de projets VIH/SIDA dans la région, à travers son centre d’artisanat ainsi que son programme de soins aux orphelins qui y est mis en œuvre.

Le tourisme peut réduire l’exode rural vers les villes, contribuant ainsi à maintenir la spécificité et la diversité culturelles dans un monde de plus en plus globalisé. Une gestion appropriée du tourisme (durable) respecte les valeurs sociales des expressions du patrimoine immatériel, tout en trouvant un équilibre entre les activités éducatives et de divertissement à la lumière d’une approche touristique. En impliquant les jeunes générations dans l’élaboration de ces offres touristiques basées sur le PCI, l’intérêt pour la sauvegarde se transmet au fil des ans, au lieu d’être abandonné par les plus jeunes qui ont tendance à laisser de côté les modes de vie traditionnels et ruraux.

Le tourisme durable du PCI peut réduire les impacts négatifs du tourisme sur l’environnement en utilisant et en gérant les ressources de manière responsable. Le tourisme à la fois écologiquement et culturellement durable est devenu de plus en plus commercialisable et contribue alors au bien-être d’une communauté.

Le tourisme basé sur le PCI peut créer ou renforcer un sentiment de fierté au sein d’une communauté ou d’un groupe en permettant aux communautés patrimoniales de préserver leurs précieuses traditions. Le tourisme durable et responsable peut également permettre la transmission du PCI aux générations futures et générer une meilleure compréhension/sensibilisation à sa diversité, sa sauvegarde, sa préservation, sa valorisation et sa durabilité.

Certaines pratiques du PCI (festivals, arts du spectacle, etc.) attirent un nombre considérable de personnes au même endroit et induisent donc une visibilité accrue de ces éléments du PCI, facilitant la sensibilisation et la prise de conscience des touristes. Bien géré et bien promu, un événement spécifique peut sensibiliser au PCI des milliers de personnes qui, jusque-là, n’avaient peut-être pas réalisé l’importance d’un tel événement sur le plan culturel.

Le tourisme peut également créer un espace pour les pratiques non touristiques du PCI au sein des communautés. En charge de leurs propres offres touristiques, celles-ci peuvent contrôler l’accès donné à leurs pratiques, leurs terroirs, leurs modes de vie, etc. et maintenir des contextes coutumiers traditionnels. Cela signifie qu’il peut y avoir des activités du PCI et des lieux culturellement significatifs qui sont maintenus à l’abri du regard des touristes, permettant ainsi de conserver la signification coutumière des rituels, des cérémonies et de la vie quotidienne. D’autres types de PCI peuvent être ouverts aux touristes selon les conditions propres à une communauté, où et quand la présentation à des étrangers est jugée appropriée.

Contrôle de l’accès des touristes dans les zones sacrées en Australie

Dans le parc national d’Uluru-Kata Tjuta, les visiteurs sont priés de rester à l’écart des sites sacrés de la région afin de sauvegarder le réseau de sentiers liés aux croyances sacrées. L’équipe de gestion, qui comprend des autochtones, informe les touristes des raisons pour lesquelles ils ne sont pas autorisés à traverser certaines zones restrictives et les éduque sur la nécessité de protéger et de sauvegarder les pratiques en matière de PCI.

  • 37 Bureau de l’UNESCO à Bangkok et Bureau régional pour l’éducation en Asie et dans le Pacifique, Initiative d’établissement du Centre du patrimoine immatériel pour l’Asie-Pacifique (2008). Safeguarding Intangible Heritage and Sustainable Cultural Tourism: Opportunities and Challenges. UNESCO-EIIHCAP Regional Meeting, 30. Disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732
  • 38 Kim, S., Whitford, M. et Arcodia, C. (2019). ‘Development of intangible cultural heritage as a sustainable tourism resource: the intangible cultural heritage practitioners’ perspectives’, Journal of Heritage Tourism 14(5-6), 431. Disponible sur : https://doi.org/10.1080/1743873X.2018.1561703
  • 39 Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies (2012), Tourism and Intangible Cultural Heritage. 1-7. Disponible sur : https://doi.org/10.18111/9789284414796

4. POUR ALLER PLUS LOIN

Tourisme durable

Le tourisme durable, selon l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies (OMT), est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, de l’industrie, de l’environnement et des communautés d’accueil » 40. Basé sur des piliers sociaux, économiques et environnementaux 41, il est lié au patrimoine immatériel en raison de la volonté de respecter et de promouvoir ces valeurs et de protéger l’essence de ce qui rend le tourisme possible afin d’assurer sa pérennité pour les générations à venir.

Plus récemment, l’OMT a ajouté la dimension culturelle pour la compréhension du tourisme durable 42, faisant ainsi directement le lien avec le patrimoine immatériel. L’impact social favorise une relation respectueuse avec les populations concernées, mais l’aspect culturel de cette nouvelle définition touche à l’identité et à l’intégrité culturelles d’un groupe de personnes.

L’OMT sur le tourisme durable :

Les principes de durabilité font référence aux aspects environnementaux, économiques et socioculturels du développement du tourisme, et un équilibre approprié doit être établi entre ces trois dimensions pour garantir sa durabilité à long terme.

Ainsi, le tourisme durable devrait :

  • 1. Utiliser de manière optimale les ressources environnementales qui constituent un élément clé du développement touristique, en maintenant les processus écologiques essentiels et en contribuant à la conservation du patrimoine naturel et de la biodiversité.
  • 2. Respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, conserver leur patrimoine culturel bâti et vivant et leurs valeurs traditionnelles, et contribuer à la compréhension et à la tolérance interculturelles.
  • 3. Assurer des opérations économiques viables à long terme, offrant des bénéfices socio-économiques à toutes les parties prenantes et qui soient équitablement répartis, y compris des emplois stables, des opportunités de revenus et des services sociaux pour les communautés d’accueil, contribuant à la réduction de la pauvreté.

Le développement du tourisme durable nécessite la participation informée de toutes les parties prenantes concernées, ainsi qu’un leadership politique fort pour assurer une large participation et la recherche d’un consensus. La mise en oeuvre d’un tourisme durable est un processus continu et nécessite un suivi constant des impacts, en introduisant des mesures préventives et/ou correctives chaque fois que nécessaire. Le tourisme durable devrait également maintenir un niveau élevé de satisfaction des touristes et leur garantir une expérience significative, en les sensibilisant aux questions de durabilité et en promouvant les pratiques de tourisme durable parmi eux.

Disponible sur : https://www.unwto.org/sustainable-development

Le tourisme durable est un concept large qui englobe diverses formes de tourisme : tourisme équitable, tourisme écologique, tourisme éthique, tourisme doux, tourisme responsable, tourisme vert, tourisme solidaire, agrotourisme, etc. (43). Celles-ci reposent toutes sur des valeurs spécifiques que les touristes partagent non seulement entre eux mais aussi avec les acteurs du tourisme qui créent et articulent une offre touristique mettant en relation de nombreuses personnes (hébergements, transports, guides, activités, etc.) et générant des opportunités de développement durable pour la population concernée.

Les visiteurs peuvent être submergés par la gamme d’opportunités de tourisme durable disponibles sur le marché, car de plus en plus d’entreprises élaborent des produits prétendument durables et certaines parties prenantes utilisent la durabilité pour répondre aux agendas économiques et politiques avec des bénéfices limités pour les communautés locales. Pour s’assurer que ces offres respectent bien les valeurs du tourisme durable, de nombreux pays commencent à développer des labels, des inscriptions, des initiatives ou des certifications d’activités touristiques afin d’attester de leur implication légitime dans le mouvement durable. Certaines initiatives sont nationales, d’autres sont régionales (par exemple l’Eco-label européen qui prône la bonne gestion des ressources, le recyclage des déchets, l’utilisation de produits et aliments bio, verts et locaux, ou la Charte Européenne du Tourisme Durable dans les Espaces Protégés 44, etc.) ou encore globales (Green Globe délivre une certification aux acteurs sensibles à la gestion responsable du patrimoine culturel, de l’environnement et des dimensions économiques et sociales d’une destination 45, impliquant de nombreux types d’entreprises : hébergements, opérateurs touristiques, professionnels de la restauration, transports 46, etc.) Bien que ces actions promeuvent des cadres de durabilité pour le tourisme patrimonial, il reste beaucoup à faire pour les mettre en œuvre.

Diverses formes de tourisme durable concernent des aspects culturels qui pourraient être altérés par une mauvaise gestion du tourisme, mais celle qui rejoint probablement le plus la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est le tourisme communautaire. Cette forme de tourisme implique les populations dans le développement d’offres touristiques locales à leur profit. Les membres de la communauté sont chargés de construire et de gérer les structures d’hébergement et les services locaux. Ils ont un contrôle total sur les bénéfices financiers, dont une bonne partie est destinée à améliorer leurs propres conditions de vie, dans le respect de la nature et de la tradition 47. Le tourisme communautaire propose souvent des activités liées au patrimoine immatériel telles que des ateliers d’artisanat ou le partage des traditions. Donner aux populations locales la possibilité de gérer leurs propres activités touristiques est un moyen de s’assurer que les praticiens du PCI participent à la création d’un tourisme adapté à leurs besoins et ainsi d’assurer la continuité et la transmission du PCI.

Le tourisme équitable, responsable, éthique et solidaire touche aussi à la dimension culturelle du tourisme durable. Ce dernier engage la responsabilité de tous les acteurs afin d’offrir un tourisme respectueux des « ressources humaines, culturelles, économiques et environnementales de la société, qui forment le cadre de vie des communautés locales » 48.

Sauvegarder le PCI par le tourisme durable

« Le tourisme culturellement et écologiquement durable, de même que le développement durable, est un enjeu crucial lorsque le patrimoine est l’attraction majeure du tourisme. » 49

« Le tourisme du patrimoine immatériel n’est jamais une fin en soi, et il est toujours primordial que les communautés du patrimoine immatériel elles-mêmes bénéficient des actions impliquant leur patrimoine immatériel. » 50

Le tourisme durable a de nombreux impacts positifs sur le PCI par rapport au tourisme conventionnel. Il vise à respecter les aspects environnementaux, économiques, sociaux et culturels tout en permettant aux visiteurs de profiter de leurs vacances. C’est une forme de tourisme qui convient très bien à la sauvegarde du PCI car elle « offre des liens plus significatifs avec les populations locales et une meilleure compréhension des problèmes culturels, sociaux et environnementaux locaux » (51). Le développement durable est généralement recommandé pour la sauvegarde du PCI, en ce qui concerne le tourisme ou toute autre activité, car il contribue au « développement durable pour le bien-être, la dignité et la créativité de l’homme dans des sociétés pacifiques et inclusives » 52.

Comme déjà mentionné dans l’introduction de ce dossier en ligne, le développement touristique du patrimoine est à la fois une opportunité et un risque, qui nécessite une réflexion, une planification, une mise en œuvre et une gestion minutieuses (Zhu & Salazar). Le tourisme durable doit être développé de manière très réfléchie, en adoptant des stratégies conçues pour réduire les impacts négatifs du tourisme sur le PCI sans sacrifier ses impacts positifs. En atténuant et en évitant les impacts négatifs du tourisme sur les éléments du PCI, le tourisme durable peut offrir de grandes opportunités pour leur sauvegarde. Il doit tenir compte des impacts actuels et futurs du tourisme sur le PCI, y compris dans ses dimensions économiques, sociales et environnementales. Les acteurs du tourisme et du patrimoine doivent prendre en compte le rôle actif du tourisme dans la gestion du patrimoine et consacrer davantage d’efforts à la redistribution efficace des bénéfices financiers du tourisme aux communautés et groupes concernés.

Il y a un réel besoin d’initiatives qui associent tourisme, sauvegarde et durabilité car « il faut accorder plus d’attention aux questions éthiques, en particulier l’implication des communautés locales, les codes éthiques du tourisme » 53. Les agences internationales sont de plus en plus conscientes des comportements inappropriés adoptés dans le passé, et de la nécessité de mieux intégrer les « pratiques de vie des habitants locaux et leurs savoirs » (c’est-à-dire le patrimoine culturel immatériel) dans les efforts pour rendre le tourisme durable et dans les actions entreprises pour protéger le patrimoine en général 54.

Que dit la Convention de l’UNESCO de 2003 sur le tourisme ?

La Convention de l’UNESCO de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, dans son préambule, considère déjà « l’importance du patrimoine culturel immatériel comme ressort principal de la diversité culturelle et garantie du développement durable au fil du temps ». La nécessité de donner un cadre officiel et des orientations à ce sujet est apparue au premier plan.

Les Directives Opérationnelles, paragraphe 187 (voir ci-dessous), fournissent des recommandations concernant la sauvegarde du PCI dans les activités touristiques. Elles soulignent la nécessité pour les activités touristiques de respecter la sauvegarde du PCI ainsi que les souhaits et les besoins des communautés d’accueil. Elles équilibrent également les intérêts des entreprises touristiques, des gouvernements et des praticiens de la culture pour assurer la viabilité, la signification culturelle, les fonctions sociales et la durabilité du PCI et encouragent l’adoption de mesures juridiques, techniques, administratives et financières, y compris les droits de propriété intellectuelle, les droits à la vie privée et toutes autres formes appropriées de protection juridique, pour assurer la sauvegarde.

L’UNESCO a également établi des Principes éthiques pour la sauvegarde du PCI qui s’appliquent à toutes les dimensions du PCI, dont le développement du tourisme 55.

Le Cadre Global de Résultats de l’UNESCO pour le PCI établit un lien entre le « développement économique inclusif », le tourisme et les objectifs de développement durable 56.

Directives Opérationnelles, paragraphe 187 :

Les États parties s’efforcent de faire en sorte que toute activité liée au tourisme, qu’elle soit entreprise par les États ou par des organismes publics ou privés, témoigne du respect dû à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur leur territoire et aux droits, aspirations et souhaits des communautés, les groupes et les individus concernés.

À cette fin, les États parties sont encouragés à :

  • évaluer, tant en termes généraux que spécifiques, le potentiel du patrimoine culturel immatériel pour le tourisme durable et l’impact du tourisme sur le patrimoine culturel immatériel et le développement durable des communautés, groupes et individus concernés, en accordant une attention particulière à l’anticipation du potentiel impact avant que les activités soient initiées ;
  • adopter les mesures juridiques, techniques, administratives et financières appropriées pour :
    • veiller à ce que les communautés, groupes et individus concernés soient les principaux bénéficiaires de tout tourisme associé à leur propre patrimoine culturel immatériel tout en promouvant leur rôle de chef de file dans la gestion de ce tourisme ;
    • veiller à ce que la viabilité, les fonctions sociales et les significations culturelles de ce patrimoine ne soient en aucune façon diminuées ou menacées par un tel tourisme.

À quoi ressemble le tourisme durable dans le contexte du PCI ?

  • Le tourisme durable suit des principes éthiques, contribuant à la durabilité culturelle

    La réunion régionale de 2008 sur la sauvegarde du patrimoine immatériel et le tourisme culturel durable, organisée à Bangkok par le Bureau de l’UNESCO à Bangkok et le Bureau régional pour l’éducation en Asie et dans le Pacifique, a mis en évidence qu’en générant des bénéfices financiers, l’industrie du tourisme peut renforcer le respect de soi des populations locales ainsi que leurs valeurs et leur identité, ce qui contribue à la sauvegarde de leurs éléments du PCI 57. Ceci est conforme aux Principes éthiques de l’UNESCO pour la sauvegarde du PCI 58. La plus grande considération doit être accordée aux principes éthiques et à l’éthique professionnelle. Les principes éthiques pour s’engager avec le PCI se concentrent sur sa valorisation, ses bénéficiaires, l’accès à ce dernier, son impact, les menaces qui pèsent sur lui, son respect et sa diversité… et peuvent être des repères pour comprendre comment s’y prendre. La cartographie du PCI et la valorisation des offres touristiques du PCI sont, du point de vue du tourisme, des moyens efficaces d’identifier les atouts locaux, régionaux ou nationaux, d’accroître le sentiment de fierté parmi les membres de la communauté, de sensibiliser à des éléments spécifiques du PCI et, surtout, de promouvoir la sauvegarde du PCI 59.

  • Le tourisme durable est piloté par la communauté

    Les praticiens et les détenteurs sont les mieux placés pour assurer le respect d’une pratique culturelle ou décider comment celle-ci doit être mise en avant, ou labellisée, afin d’assurer sa sauvegarde pour les générations futures. La Charte mondiale du tourisme durable +20 stipule que les communautés locales doivent donc être responsabilisées et impliquées dans la planification et le développement des activités touristiques 60. Les chercheurs rapportent que l’autonomisation des praticiens du PCI facilite le développement de stratégies touristiques adaptées à chaque élément du PCI. Aujourd’hui, la relation inégale entre les acteurs du tourisme et les praticiens du PCI est souvent la raison pour laquelle sa sauvegarde n’est pas efficace 61.

  • Le tourisme durable génère des bénéfices équitables et économiquement stables pour les communautés (locales)

    La durabilité présuppose une approche équitable du partage des bénéfices économiques entre toutes les parties prenantes d’une initiative touristique. Dans le contexte du PCI, cela implique qu’une attention particulière soit portée aux communautés détentrices concernées. En effet, le 7e principe éthique de l’UNESCO pour la sauvegarde du PCI stipule que « Les communautés, groupes et individus qui créent le patrimoine culturel immatériel doivent bénéficier de la protection des intérêts moraux et matériels résultant de ce patrimoine, et en particulier de son utilisation, de sa recherche, de sa documentation, promotion ou adaptation par des membres des communautés ou autres 62.

  • Les moyens de subsistance durables du tourisme dépendent de sources de revenus diversifiées :

    le tourisme peut être rapidement affecté par des facteurs politiques, économiques ou environnementaux, tels qu’une récession ou une pandémie, ou une baisse de la popularité d’une destination. Ainsi, le tourisme ne doit pas, lorsque cela est possible, être la seule source de revenus d’une population. En effet, les entreprises dont l’activité est diversifiée durent généralement plus longtemps que celles qui choisissent de n’avoir qu’une seule source de revenus et sont alors vulnérables en cas de crise économique ou de désintérêt pour la destination.

  • La planification du développement du tourisme durable qui dépend du PCI n’est pas la même chose que la planification de la sauvegarde du PCI

    Les personnes et les organisations engagées dans le développement du tourisme peuvent avoir des intérêts différents de ceux qui visent à sauvegarder le PCI, même si les deux dépendent de l’existence du PCI. Ces différents intérêts et interdépendances doivent être cartographiés et des buts et objectifs communs identifiés afin d’obtenir le meilleur résultat possible pour les deux secteurs. Une « stratégie de relations parallèles pourrait permettre la sauvegarde des valeurs culturelles du PCI tout en facilitant simultanément sa valorisation socio-économique via la promotion commerciale du PCI » 63. Cependant, il n’y a pas de dichotomie absolue entre les acteurs s’engageant à des fins de sauvegarde et à des fins commerciales. Par exemple, les détenteurs du PCI cherchent à commercialiser leur artisanat ou à toucher de nouveaux publics avec leur musique tout en conservant l’intégrité de leurs traditions, conjuguant ces deux rôles.

  • Le tourisme durable promeut les pratiques du PCI d’une manière écologiquement durable

    L’Agenda 2030 et les Objectifs de Développement Durable de l’ONU favorisent le développement d’un tourisme durable et mettent un point d’honneur à valoriser la culture et les produits locaux, et donc le patrimoine immatériel. Le tourisme durable doit garantir une utilisation optimale des ressources environnementales et veiller à ce que les activités touristiques du PCI n’augmentent pas l’impact environnemental. Le tourisme doit être un facteur de développement durable mettant l’accent à la fois sur la protection de l’environnement naturel et sur le réinvestissement des revenus dans le patrimoine. Les usages touristiques du patrimoine culturel de l’humanité doivent contribuer à sa valorisation. Les pratiques du PCI sont dans de nombreux cas durables en elles-mêmes, contribuant à une image générale positive de la destination car elles reposent sur une main-d’œuvre humaine peu nombreuse et une relation saine avec l’environnement, en particulier en ce qui concerne la sécurité alimentaire et l’utilisation des terres. Des siècles de pratique ont appris aux communautés comment utiliser leur environnement d’une manière qui maintienne un équilibre dans les ressources disponibles. C’est la clé de la durabilité. Cependant, la demande accrue de produits du PCI et les nouvelles pressions telles que le changement climatique peuvent également solliciter excessivement les ressources naturelles, de sorte que l’impact de la pratique du PCI sur l’environnement doit également être surveillé et géré en permanence.

  • 57 Bureau de l’UNESCO à Bangkok et Bureau régional pour l’éducation en Asie et dans le Pacifique, Initiative d’établissement du Centre du patrimoine immatériel pour l’Asie-Pacifique (2008). Safeguarding Intangible Heritage and Sustainable Cultural Tourism: Opportunities and Challenges. UNESCO-EIIHCAP Regional Meeting, 3. Disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732
  • 58 UNESCO (2015). Principes éthiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/thique-et-pci-00866
  • 59 Ohridska-Olson, R. (2018). Cultural mapping of intangible cultural heritage and its usage in tourism branding models. Disponible sur : https://www.researchgate.net/publication/333668356_Cultural_mapping_of_intangible_cultural_heritage_and_its_usage_in_tourism_branding_models
  • 60 Conférence mondiale sur le tourisme durable (2015). Charte mondiale du tourisme durable +20. 19. Disponible sur : http://www.institutoturismoresponsable.com/events/sustainabletourismcharter2015/wp-content/uploads/2016/04/ST-20CharterMR.pdf
  • 61 Kim, S., Whitford, M. et Arcodia, C (2019). ‘Development of intangible cultural heritage as a sustainable tourism resource: the intangible cultural heritage practitioners’ perspectives’, Journal of Heritage Tourism, 14(5-6), 432. Disponible sur : https://doi.org/10.1080/1743873X.2018.1561703
  • 62 UNESCO (2015). Principes éthiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Disponible sur : https://ich.unesco.org/en/ethics-and-ich-00866
  • 63 Kim, S., Whitford, M. et Arcodia, C (2019). ‘Development of intangible cultural heritage as a sustainable tourism resource: the intangible cultural heritage practitioners’ perspectives’, Journal of Heritage Tourism, 14(5-6), 432. Disponible sur : https://doi.org/10.1080/1743873X.2018.1561703

Suivi et évaluation du tourisme durable et de sa relation avec le PCI

En 2004, l’OMT a publié le premier guide traitant des indicateurs de développement durable pour les destinations touristiques 64, ce qui a également initié un processus de mesure de la durabilité du tourisme (voir ci-dessous) 65. Dans ce cadre, la durabilité est abordée via les 3 piliers susmentionnés de (1) l’utilisation optimale des ressources environnementales, (2) le respect de l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil et (3) les avantages économiques pour toutes les parties prenantes. Le guide a permis une meilleure compréhension des relations entre le PCI et le tourisme, en mettant au centre la communauté d’accueil. La méthodologie de suivi dépend fortement des processus participatifs, et les indicateurs d’évaluation de l’impact ou des impacts du tourisme sur les communautés locales ainsi que sur les visiteurs sont un moyen de travailler et de repenser les processus à l’oeuvre derrière différentes initiatives touristiques liées au PCI. (p.22-54 Étapes clés du développement et de l’utilisation des indicateurs)

Cette approche suggère également des possibilités d’amélioration ou d’analyse comparative des résultats des indicateurs du tourisme durable qui pourraient être liés au PCI dans le Cadre Global des Résultats de la Convention de l’UNESCO de 2003, développé afin d’évaluer les progrès de la sauvegarde du PCI dans différents pays. Ces analyses pourraient être bénéfiques pour le tourisme durable ainsi que pour les processus de sauvegarde.

Les paramètres suivants du guide (section 3) peuvent être pris en compte lors de la planification d’activités touristiques liées au PCI d’un point de vue local et communautaire (même si rien dans ces paramètres ne permet de mesurer spécifiquement l’impact du tourisme sur la pratique et la transmission du PCI, ce qui est à noter) :

  1. Bien-être des communautés d’accueil, notamment :
    • Satisfaction locale vis-à-vis du tourisme (attitudes, insatisfaction, réaction de la communauté)
    • Effets du tourisme sur les communautés (attitudes communautaires, bénéfices sociaux, changements de modes de vie, logement, démographie)
    • Accès des résidents aux services-clés (accès aux sites importants, barrières économiques, satisfaction quant aux niveaux d’accès)
  2. Préservation des biens culturels
    • (Sites culturels, monuments, dégradations, entretien, désignation, préservation)
  3. Participation communautaire au tourisme
  4. Avantages économiques pour la communauté et pour la destination
  5. Limiter les impacts de l’activité touristique, y compris
    • Maîtriser les niveaux sonores
    • Gérer l’impact visuel des aménagements et infrastructures touristiques
  6. Contrôler les activités et les niveaux de fréquentation touristiques, notamment :
    • Maîtriser l’intensité d’utilisation (pression exercée sur les sites et systèmes, fréquentation touristique, encombrement)
    • Gestion des événements (événements sportifs, foires, festivités, contrôle des foules)
  7. lanification et contrôle des destinations
    • (Intégration du tourisme dans la planification locale/régionale)

Aborder le bien-être des communautés d’accueil est directement lié au PCI car cette notion inclut les activités quotidiennes des communautés, ce qui implique inévitablement les pratiques du PCI. Comme le suggère le guide, « … les actions de l’industrie [du tourisme] pour maintenir une relation positive entre les hôtes et les touristes peuvent anticiper et prévenir les incidents et les effets négatifs ». Il en va de même pour les praticiens du PCI. En tant que membres d’une communauté d’accueil, ils sont en droit de fixer des limites aux activités initiées par le secteur touristique afin d’éviter une perte d’intimité ou un changement de mode de vie.

Dans le champ du PCI, l’ « accès » peut être considéré comme l’accès à l’information et/ou aux espaces publics. L’accès aux espaces publics est parfois refusé ou restreint pour les habitants après la mise en place d’initiatives touristiques. Il peut s’agir de lieux sacrés mais aussi de lieux de rassemblement pour des événements festifs ou des pratiques sociales. Le tourisme s’est emparé de nombreux espaces historiques et attrayants qui, il y a quelques années – voire plusieurs décennies dans certains pays avec une longue tradition touristique – faisaient partie des pratiques locales quotidiennes, menaçant la viabilité de la pratique ou modifiant sa performance.

La participation et la gestion communautaire (impliquant dans leur intégralité les communautés et les groupes de praticiens du PCI s’ils sont directement visés par un plan touristique) est essentielle pour tous les aspects du tourisme durable en lien avec le PCI. S’ils participent activement, les communautés et les praticiens peuvent contribuer à l’urbanisme (techniques de construction et connaissances sur la nature, artisanat), à la gestion d’événements (rituels et arts du spectacle) influençant directement la viabilité de la pratique et de la planification en général si un élément du PCI est à la base d’une destination touristique.

Même si les lignes directrices pour le développement d’un tourisme durable n’abordent pas directement le PCI, elles peuvent être appliquées à des mesures visant à prévenir les actions préjudiciables aux communautés d’accueil par le biais du tourisme. En conséquence, les actions de sensibilisation aux défis, risques et opportunités que le tourisme génère pour les pratiques du PCI devraient être encouragées afin de prévenir les dommages et de renforcer la sauvegarde.

Mesurer la durabilité du tourisme

Avec le soutien de la Division de statistique des Nations Unies (UNSD), l’OMT a lancé une initiative intitulée « Vers un cadre statistique pour mesurer la durabilité du tourisme » (MST). L’objectif est de développer un cadre statistique international pour mesurer le rôle du tourisme dans le développement durable, y compris dans ses dimensions économiques, environnementales et sociales.

Un tel cadre fondé sur des normes peut renforcer la crédibilité, la comparabilité et la portée de divers programmes de mesure et de suivi relatifs au tourisme durable, comme l’utilisation des indicateurs des objectifs de développement durable (ODD) et du Réseau international des observatoires du tourisme durable (INSTO) de l’OMT. D’une manière générale, le cadre statistique du MST fournira une base de données intégrées pour mieux informer sur le tourisme durable, faciliter le dialogue entre les différents secteurs et encourager une prise de décision intégrée et pertinente au niveau local.

Le MST favorisera également le dialogue à venir avec le secteur du PCI, notamment via les liens potentiels à élaborer avec le Cadre Global de Résultats.

5. PREMIERS PAS VERS L'ACTION

Objectifs généraux et lignes directrices pour le tourisme du PCI

Objectifs généraux et lignes directrices pour le tourisme du PCI

  • Conception de l’offre touristique et évaluation des impacts : Les impacts du développement de toute offre touristique basée sur le PCI, tant positifs que négatifs, doivent être évalués avec la participation des communautés, groupes et détenteurs concernés. Leur participation devrait être prévue aussi bien en amont de tout projet en vue d’évaluer les impacts éventuels, que dans le suivi de la mise en œuvre (suivi et évaluation).
  • Respect des objectifs et des démarches de développement durable : Le tourisme lié au PCI doit être pensé dans l’optique du développement durable, en ce qui concerne les aspects sociaux, culturels, économiques et environnementaux de la durabilité.
  • Respect de la valeur et de la signification des éléments du PCI : La valeur et la signification de tout élément du PCI présenté dans une offre touristique doivent toujours être respectées, que ce soit dans le développement de l’offre ou dans le « produit » lui-même. Une conception sensible au patrimoine doit refléter les valeurs et le sens que la communauté veut communiquer, ainsi que les synergies entre activité touristique et priorités de sauvegarde.
  • Éviter la commercialisation excessive et la dé-contextualisation : Les changements inappropriés et la disparition du contexte social ou la perte de signification associés à un élément du PCI à travers les activités touristiques doivent être limités.
  • Restituer aux communautés détentrices : Les communautés ou groupes détenteurs doivent être les principaux bénéficiaires de tout avantage financier ou économique pouvant découler du développement du tourisme lié à leur PCI. La propriété des entreprises touristiques devrait, dans la mesure du possible, résider dans la propre communauté des détenteurs.
  • Reconnaître et respecter les droits, pratiques et expressions coutumières des communautés : Des formes de protection juridique, telles que les droits de propriété intellectuelle et les droits à la vie privée, devraient être accordées aux praticiens du PCI, aux détenteurs et à leurs communautés pour garantir que leur PCI n’est pas exploité par d’autres à des fins commerciales ou à d’autres fins. L’importance des droits coutumiers des communautés sur les espaces nécessaires à la pratique et à la transmission du PCI doit être reconnue dans les politiques touristiques et/ou les mesures juridiques et administratives.

Une liste de contrôle pour la planification d'une initiative touristique activement centrée sur le PCI

Planifier le développement d’une initiative touristique centrée sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel peut parfois sembler complexe. Les impacts et les conséquences, à la fois négatifs et positifs, sont considérables et doivent être correctement pris en compte.

Voici une liste de contrôle des actions qui peuvent contribuer à une sauvegarde efficace du PCI lors du développement d’une offre touristique :

  • Veiller à ce que les communautés détentrices soient leaders dans le développement d’une offre touristique liée à leur PCI en :

  • Assurant l’implication de la communauté des détenteurs grâce à des partenariats solides et de confiance, basés sur la communication, la transparence et le partage des connaissances.
  • Veillant à ce que les diverses parties prenantes du PCI (par exemple les praticiens, les groupes, les associations…) soient impliquées et consultées.
  • Soutenant l’engagement de la communauté porteuse de A à Z, dans le processus de consultation, la phase de création, le développement de la stratégie et des objectifs, les phases de gestion, etc.
  • Développant des programmes qui équipent les membres de la communauté pour leur permettre de diriger les activités touristiques et d’être propriétaires des entreprises touristiques locales.
  • Autonomisant les membres de la communauté détentrice avec les compétences et les connaissances nécessaires pour participer aux activités de planification, de mise en œuvre et de suivi liées au tourisme.
  • Évaluer les impacts potentiels du tourisme et gérer correctement les risques et menaces en :

  • Aidant les communautés à déterminer les impacts et à identifier ce qui constitue une menace pour leur PCI, « avec une attention particulière à anticiper les impacts potentiels avant le lancement des activités » (paragraphe 187 des Directives Opérationnelles de la Convention de 2003).
  • Élaborant une stratégie concernant les menaces à gérer ou à limiter par la suite.
  • Définissant des indicateurs de suivi et d’évaluation des impacts, tenant compte des rôles de chaque acteur impliqué dans ce processus.
  • Évitant toute action menaçant la sauvegarde du PCI.
  • Apprenant de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.
  • Assurant le suivi et l’analyse des résultats de ces interventions touristiques auprès des communautés ou des groupes.
  • Adaptant l’offre touristique pour mieux atteindre les objectifs et les résultats identifiés par la communauté.
  • Respecter les droits des communautés et des groupes qui créent, portent et transmettent le PCI en :

  • Creating guidelines and regulations which respect the interests of sustainable tourism and the rights of communities.
  • Respecting customary restrictions on access to ICH (such as a sales ban on certain ICH-related objects, or the restriction or denial of access to certain rituals and places within the host community).
  • Where appropriate, using community centred intellectual property rights, moral rights or other legal frameworks to protect the interests of communities in respect of their ICH, and avoid third parties to wrongly acquire IP rights over ICH.
  • Assurer la viabilité, la valeur et la signification des éléments du PCI reconnus par une communauté et pouvant être présentés dans une offre touristique en :

  • Veillant à ce que les praticiens soient les principaux acteurs de la conception des initiatives touristiques.
  • Concevant des offres touristiques qui soutiennent la viabilité du PCI conformément aux besoins de sauvegarde identifiés et qui soient alignées sur la valeur et la signification du PCI pour les communautés.
  • Respecter la nature dynamique et vivante des éléments du PCI ainsi que la volonté et les souhaits des communautés concernées en :

  • Respectant les changements survenus au sein d’une communauté détentrice, évitant ainsi de figer un élément du PCI dans une quête d’« authenticité ».
  • Aidant les communautés à adapter de manière appropriée les produits et services liés au PCI aux nouvelles circonstances.
  • Informer les tiers, y compris les touristes, sur la sauvegarde du PCI et la valeur culturelle des éléments du PCI en :

  • Développant des approches pédagogiques au sein des activités touristiques liées au PCI, sensibilisant aux valeurs et fonctions du PCI, ainsi qu’à son caractère de « patrimoine vivant » en tant que pratiques humaines, invitant les visiteurs à comprendre et à prendre soin de ce patrimoine. Les activités éducatives doivent donner la priorité aux points de vue de la communauté sur leur PCI, selon leur propre voix.
  • Soutenant les communautés dans la rédaction, la diffusion et la mise en œuvre de codes de conduite ou de lignes directrices pour les visiteurs et les touristes (voir par exemple le code du tourisme Sami).
  • Facilitant la transmission des connaissances sur le développement durable et la sauvegarde du PCI au sein de l’industrie du tourisme.
  • Promouvoir le développement durable à travers le développement du tourisme du PCI en :

  • Supportant la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection de l’environnement lors de la conception d’une offre touristique du PCI.
  • Encourageant le développement de stratégies de promotion des produits et services liés au PCI via des boutiques officielles, des licences ou des labels, et l’utilisation de certifications de qualité ou de produit d’origine, etc.
  • Développant des offres de tourisme durable qui améliorent les moyens de subsistance des communautés détentrices en :
    • Veillant à ce que les offres touristiques durables créent des opportunités d’emploi pour les communautés locales concernées.
    • Soutenant les entreprises de tourisme durable détenues par des praticiens ou des communautés.
    • Créant des petites et moyennes entreprises axées sur les objectifs de développement durable dans leurs activités touristiques.
  • Veiller à ce que les communautés ou groupes détenteurs (locaux) bénéficient directement des revenus générés par toute activité touristique liée à leur PCI en :

  • Aidant les communautés porteuses à accéder au financement de leurs offres de tourisme durable.
  • Soutenant les communautés dans la négociation d’accords avec des tiers.
  • Évaluant les résultats des partenariats avec des tiers.
  • Innover pour préserver le patrimoine culturel de la décontextualisation, tout en facilitant le tourisme durable.

PARTENARIATS dans le tourisme durable du PCI Comment travailler ensemble pour concevoir un tourisme basé sur le PCI

La relation entre le tourisme et la gestion du patrimoine culturel immatériel est essentielle et dépend de nombreux aspects du partenariat entre les praticiens du PCI et les acteurs du tourisme. Par exemple, le respect des intérêts de chacune des parties impliquées est l’une des raisons pour lesquelles une relation peut être enrichissante et fructueuse. Si les acteurs du tourisme et les entreprises ne se soucient que d’intérêts purement économiques et n’accordent aucune attention à la sauvegarde du PCI, ou vice versa, la relation ne peut être bénéfique pour les deux parties et pourrait avoir des impacts négatifs sur les pratiques et/ou les praticiens du patrimoine immatériel.

Lors de la conception d’une initiative touristique centrée sur le PCI, il existe diverses possibilités, telles que le tourisme dirigé par la communauté (en priorité la communauté détentrice) et la collaboration entre toutes les parties prenantes, où l’autorité devrait être cédée afin d’améliorer la position de la communauté détentrice dans le partenariat. Envisagez une coopération avec des experts et des médiateurs culturels compétents dans le cadre d’une approche participative 66. Ces « tiers » (individu, groupe ou organisation) peuvent jouer un rôle d’intermédiaire dans la conception et la mise en place de projets de tourisme durable du patrimoine immatériel. En tant qu’intermédiaires, les « médiateurs » ou « courtiers culturels » 67 peuvent réunir les multiples parties prenantes, qui jouent toutes un rôle dans la relation entre le tourisme et le patrimoine immatériel 68. Les intermédiaires culturels doivent prendre du recul et laisser la communauté prendre le contrôle lorsque cela est possible.

Voici une liste de mesures pratiques pour assurer un partenariat durable entre les praticiens du patrimoine immatériel et les acteurs du tourisme :

  • Travailler avec des parties prenantes de différents horizons et niveaux (privé/public ; national, régional, international, etc.) et réduire les barrières en assurant des connexions et une coordination viable entre tous les acteurs.

  • Comprendre les intérêts de chacun pour avoir une vision globale du partenariat final en :

  • Échangeant des informations sur les intérêts, les méthodes de travail et les objectifs des différents groupes.
  • Reconnaissant et acceptant la singularité et l’autonomie de chaque acteur.
  • Organisant des sessions de formation et d’information sur le tourisme durable et le patrimoine pour tous les groupes.
  • Créer et renforcer des partenariats solides entre les acteurs du PCI et les acteurs du tourisme en :

  • Assurant une autorité partagée pour garantir le respect des intérêts de chacun, en cédant l’autorité aux communautés lorsque cela est possible.
  • Construisant un climat de confiance mutuelle entre les différents acteurs.
  • Veillant au partage des responsabilités entre tous les acteurs.
  • Créant des synergies efficaces.
  • Encourager toutes les parties prenantes à partager leurs connaissances, leurs expériences passées et leurs meilleures pratiques/exemples avec les autres.

  • Construire une collaboration transparente avec une vue complète sur les objectifs et les résultats de chacun en :

  • Dressant la liste des objectifs et des besoins à court et à long terme.
  • Analysant les résultats/conséquences économiques, sociaux et environnementaux et en procédant aux adaptions nécessaires pour assurer leur durabilité.
  • Assurer un bon dialogue entre les acteurs à toutes les étapes.

  • Établir des partenariats avec des objectifs communs à long terme.

  • Envisager (ou impliquer) un rôle de « médiateur », qui peut rassembler diverses parties prenantes et différentes approches dans l’élaboration de l’initiative touristique liée au PCI.

  • 66 UNESCO (2003). « Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et développement durable au niveau national », Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, chapitre 6, OD 170… : « Tout en reconnaissant l’interdépendance entre la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et le développement durable, les États parties s’efforcent de maintenir un équilibre entre les trois dimensions du développement durable (économique, sociale et environnementale), ainsi que leur interdépendance avec la paix et la sécurité, dans leurs efforts de sauvegarde et facilitent à cette fin la coopération avec les experts, les agents et les médiateurs culturels compétents, selon une approche participative ». Disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/convention
  • 67 Jacobs, M., Neyrinck J. et Van der Zeijden, A. (2014). UNESCO, Brokers and Critical Success (F) Actors in Safeguarding Intangible Cultural Heritage, Volkskunde, 115(3), 249-256. https://www.researchgate.net/publication/289898132_UNESCO_brokers_and_critical_success_F_actors_in_safeguarding_intangible_cultural_heritage
  • 68 Van der Zeijden, A., Neyrinck, J., Adams, K.M., Van Ouwerkerk, F., Van Gorp, B. et Catteeuw, P. (2020). Intangible heritage as a tourist destination. Contribution to safeguarding intangible cultural heritage through sustainable tourism, Volkskunde, 121(4). Disponible sur : https://immaterieelerfgoed.be/files/attachments/.1909/Volkskunde_2020_121_4_Inleiding.pdf (English text on p. 535)

6. EXEMPLES : TOURISME, PCI ET DURABILITÉ

Vous trouverez ici des exemples d’initiatives alliant PCI et tourisme, et des expériences de terrain.

Les exemples incluent différents types d’activités touristiques, sont liés à différents domaines du PCI et basés dans divers contextes et régions du monde, offrant ainsi la possibilité d’explorer le large éventail d’activités et d’approches possibles dans le tourisme durable du PCI. Des aspects à la fois bénéfiques et préoccupants sont présentés, illustrant les pratiques existantes, les problèmes et les solutions.

Des approches collaboratives sont également décrites à travers les exemples qui suivent. Elles soulignent l’importance des relations en cours de développement entre les acteurs du tourisme et les acteurs du PCI et d’éventuelles autres parties prenantes. Ces expériences de terrain montrent différentes possibilités de partenariat et de médiation lors de la conception d’une initiative touristique impliquant des pratiques du PCI. Leur partage peut aider à vous orienter et à naviguer dans de futures actions touristiques en lien avec le PCI et dans les processus de collaboration.

Les exemples de cette section sont de deux types :

  • Des études de cas ont été collectées et étudiées via une recherche documentaire.
  • Les expériences de terrain sont collectées via un appel ouvert au partage d’expériences.

Ce dossier en ligne inclura de nouveaux exemples à l’avenir, issus de toutes les régions du monde, accentuant la diversité des cas et montrant l’énorme potentiel de créativité et d’innovation dans ce domaine. Vous avez une suggestion ou un exemple à partager ? Nous vous invitons à envoyer votre proposition par e-mail ichngoforum.research(at)gmail.com

Études de cas

Circuit de l’artisanat de la poterie, Botswana

Les savoir-faire de la poterie en terre cuite sont pratiqués au sein de la communauté Bakgatla ba Kgafela dans le sud-est du Botswana. Les femmes potières utilisent de la terre argileuse, du grès altéré, de l'oxyde de fer, de la bouse de vache, de l'eau, du bois et de l'herbe…

Le parc national d’Uluru-Kata Tjuta

The monolith of Uluru and the domes of Kata Tjuta were inscribed as a World Heritage property by UNESCO in 1987, as a natural heritage site, and then as a cultural landscape in 1994. This area is linked to one of the oldest Indigenous belief systems in the world.77

Sentier Ninki Nanka en Gambie

Le Ninki Nanka Trail a été créé dans les années 1980 pour ouvrir la Gambie au tourisme à travers le fleuve Gambie. Le parcours est basé sur une approche de tourisme responsable, de manière collaborative, et apporte des bénéfices évidents aux communautés locales ainsi qu'aux acteurs touristiques de la région.…

La danse Apsara, une danse classique khmère

Existing since the 7th century and associated with the Cambodian court, the Apsara dance was inscribed on UNESCO’s Representative List of the Intangible Cultural Heritage of Humanity in 2008 under the name “Royal ballet of Cambodia”.80 The dance is said to have a sacred and symbolic role and embodies the…

Le marketing des souvenirs alimentaires de Macao

Suite au rattachement de Macao à la Chine en 1999, le nombre de touristes a considérablement augmenté. Macao n'a pas souffert de la révolution culturelle comme d'autres parties de la Chine, il y a donc là-bas une forte continuité des traditions culturelles 89. Les influences portugaises sont encore visibles dans…

Artisanat Washi du papier traditionnel japonais fait à la main

Les connaissances, les techniques et le processus traditionnels de production du «Washi» - papier japonais fait à la main - ont été transmis de génération en génération depuis le 8ème siècle. Le Washi a été utilisé non seulement pour écrire des lettres et fabriquer des livres, mais aussi pour les…

Lodges andins, Pérou

Andean Lodges is a privately owned tourism company founded with the goal of preserving and safeguarding the cultural heritage and ecological integrity of the Ausangate region. Its goal was to create a circuit around Mt. Ausangate that strategically positions ecolodges at key sites and includes local communities in actively presenting…

Festival de musiques du monde de la forêt tropicale de Sarawak

Le festival « Sarawak Rainforest World Music » de Bornéo (Malaisie) se tient depuis 1997, pour présenter les musiques du monde entier mais aussi mettre en valeur les musiques et instruments indigènes. Il est connu pour la visibilité considérable qu'il a donnée au patrimoine immatériel de Bornéo dans le monde…

La Route des Fromages de Savoie

La Route des Fromages de Savoie est un réseau de sites destinés à faire découvrir à la population locale et aux touristes les fromages de 2 départements français réunis autour d'une même culture fromagère. Les fromages produits dans ce réseau de sites bénéficient d'une Appellation d'Origine Contrôlée, ce qui prouve…

La descente du bétail des alpages d’Entelbuch ou Alpabfahrt

The alpabfahrt, or alpine descent, is one of the most popular events in the Entlebuch region of Switzerland, with ten thousands of visitors each year. At the end of September, farmer’s families come back from the mountain pastures with their cows, which are decorated with flowers.

Culture des cafés viennois

Viennese coffeehouse culture was designated as intangible cultural heritage in 2011 in the Austrian inventory of the UNESCO’s National Agency for the Intangible Cultural Heritage.73 It combines the intangible heritage with its tangible dimensions: gastronomy, atmosphere, customary practices and social relations, along with interior decor, architecture, food and drink, furnishings,…

La pêche à la crevette à cheval d’Oostduinkerke

La ville d'Oostduinkerke, en Belgique, est le seul endroit où la pêche à la crevette à cheval est pratiquée à ce jour. Cette technique de pêche traditionnelle est utilisée depuis des siècles et a été inscrite sur la Liste Représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO en 2013.…

Les histoires de la Floride: à pied – visite de Tarpon Springs

L'interprétation du PCI pour les touristes devrait idéalement être donnée à travers la perspective des résidents locaux. Une application téléchargeable propose une visite sonore très accessible du quartier de la communauté grecque américaine de Tarpon Springs, en Floride, aux États-Unis. Développée par Tina Bucuvalas, folkloriste et résidente de Greektown, pour…

Célébration du pardon des Célestins, Italie

La célébration du pardon des Célestins a été inspirée par le pape Célestin V, qui a publié une « bulle » historique comme un acte de partenariat entre les populations locales. Se déroulant dans la ville et la province de L'Aquila, la tradition comprend un ensemble de rituels et de célébrations transmis…

Le réseau des sentiers touristiques Pehuenche

In the Biobío region of Chile, several indigenous Mapuche communities worked together with Chile’s National Tourism Administration to offer visitors a series of trails in the mountain, from 9 to 100 km long. The network of Pehuenche tourist trails is a public-private-community partnership resulting in a tourism activity.

Handmade in Bruges, une initiative pour sauvegarder l’artisanat local

Dans un esprit de promotion et de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'artisanat de la ville de Bruges 98 (Belgique) et s'efforçant de réaliser une démarche de tourisme durable dans un contexte de sur-tourisme, un réseau de partenaires a développé le programme 'Handmade in Bruges'. L'une des initiatives consiste…

Festival de danse du tambour inuit, Groenland, Danemark

Drum dancing and drum singing are indigenous forms of Inuit artistic expression and music in Greenland. Drum dances and songs are frequently performed during national holidays, festive celebrations and social events, by a single person or a group. Drum songs often touch on the experiences and activities of daily life…

Le camp de montagne de Shewula

The Shewula Mountain Camp was created in the Shewula community of Eswatini in 2000 and aims to allow tourists to discover the way of life of the community while helping it to develop and improve sustainably. It is an accommodation project that makes it possible for guests to live with…

Expérience sur le terrain

Patachitra, Inde

Patachitra is a type of scroll painting practiced by a unique community of folk artists who are painters, lyricists, and singers belonging to the Naya village of West Bengal, India. The tradition itself can be traced back to the 13th century; the scroll painting is called Patachitra and the songs…

Fabrication de masques Chau, Inde

The art of Chau mask-making originated in the village of Charida in West Bengal, an eastern Indian state around 150 years ago and is now home to 115 households of traditional Chau mask-makers. The masks depicting gods, goddesses, local tribals, demons, animals, and birds are traditionally made for use in…

Dokra, Inde

Dokra is an age-old craft of lost-wax metal casting used to handcraft figurines, deities, decorative pieces, jewelry, and pots, practiced by specific ethnic communities in the village of Bikna in West Bengal, India. The hamlet consisting of 60 Dokra artist households who settled here in the 1960s is now an…

Vivre notre patrimoine au Vieux Grand Port, Ile Maurice

Vieux Grand Port, one of the oldest villages on the island of Mauritius, is rich in tangible as well as intangible heritage. The ‘Living Our Heritage’ project aims to revive both – the tangible and intangible cultural heritage of this village, attract tourists and ensure that the locals reap the…

Tocatì, Europe

Tocatì is a community-led, multi-actor movement established for the safeguarding of Traditional Games and Sports (TGS) as social practices and expression of ICH. TGS are living practices that exist in an informal environment, as part of daily life, and also in ritual and festive contexts.

Céramique de Gori, Géorgie

Gori was one of the most important ceramic centers active in Georgia in the early 19th and 20th centuries. However, the survival of this practice is under threat as there is only one local artisan, Mr. Giorgi Tatulashvili who possesses the relevant skills and actively continues to create the ceramics…

Festival de contes de Ljungby et Musée des légendes, Suède

Sagobygden’s Music and Storytelling Festival (formerly known as Ljungby Storytelling Festival), founded in 1990, is the oldest annual storytelling festival in the Nordic countries. During the 4-day affair, 50 storytellers from all over the world are invited to come and tell their best stories – old or new.

7. RESSOURCES

Documents et politiques internationales

Plusieurs textes, outils et méthodologies applicables au tourisme, au patrimoine culturel immatériel et aux relations entre les deux sont disponibles afin d’apporter une aide ou des conseils aux personnes souhaitant sauvegarder le PCI tout en l’associant au tourisme. Ces documents sont le fruit de politiques internationales, de travaux de recherche, de travaux académiques ou d’études de terrain et sont proposés en libre accès par les grandes institutions du monde entier.

Voici une série de documents (essentiellement accessibles en ligne) qui nous ont permis de faire avancer nos recherches sur le lien entre tourisme et PCI. Certains s’appliquent au tourisme, d’autres au patrimoine culturel immatériel, mais tous peuvent être appliqués/traduites dans le contexte du PCI ou sont utiles au bon développement d’un tourisme respectueux du PCI.

Le tourisme dans la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003)

La Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été créée non seulement pour sauvegarder et respecter le PCI associé aux communautés, groupes et individus, mais aussi pour sensibiliser à l’importance du PCI et pour promouvoir la coopération et l’assistance internationales. Le texte de la convention lui-même ne mentionne pas le tourisme en tant que tel. Cependant, le tourisme et les questions liées à la mise en œuvre du patrimoine immatériel dans les activités touristiques sont abordés dans ses Directives opérationnelles et dans ses Principes éthiques pour la sauvegarde du PCI. Soulignons également l’implication de l’article 15 de la Convention sur la participation des communautés, des groupes et des individus. Celui-ci stipule que chaque État partie à la Convention s’efforce, dans le cadre de ses activités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, d’assurer la participation la plus large possible des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus qui créent, entretiennent et transmettent ce patrimoine, et de les impliquer activement dans sa gestion. La Convention souligne ici une obligation profonde et globale d’assurer la participation la plus large possible des communautés détentrices à la sauvegarde, y compris dans les contextes de développement du tourisme.

Le texte de la Convention de 2003 est disponible sur : https://ich.unesco.org/fr/convention

Que disent les Directives opérationnelles pour la mise en œuvre de la Convention sur le tourisme ?

Les Directives opérationnelles font suite au texte de la Convention de 2003 de l’UNESCO, elles donnent des recommandations concernant sa mise en œuvre et indiquent les procédures à suivre. Le document couvre également la sauvegarde du PCI dans les activités touristiques. Il stipule que les acteurs du tourisme doivent s’assurer que les activités touristiques respectent la sauvegarde du PCI ainsi que les souhaits et les droits des communautés concernées 105. Les Directives opérationnelles de l’UNESCO expriment l’importance d’équilibrer les intérêts des acteurs du tourisme, de l’administration publique ainsi que des praticiens culturels afin d’assurer la viabilité et la durabilité du sens et de l’objectif de tout PCI concerné 106. Elles stipulent également que toute action de sensibilisation ne doit pas mettre en péril le PCI via des formes de tourisme non durables 107.

Le chapitre IV « Sensibiliser au PCI et à l’utilisation de l’emblème de la Convention » stipule qu’une attention particulière doit être accordée aux actions de sensibilisation qui pourraient mettre en danger toute forme de PCI et générer un tourisme non durable. Il est ajouté que « des précautions particulières devront être prises pour éviter le détournement commercial, gérer le tourisme de manière durable, trouver le bon équilibre entre les intérêts de la partie commerçante, l’administration publique et les praticiens culturels, et pour faire en sorte que l’usage commercial n’altère pas la signification du patrimoine culturel immatériel ni sa finalité pour la communauté concernée ».

Le chapitre VI sur « La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et le développement durable au niveau national » comprend une sous-section consacrée à l’impact du tourisme sur la sauvegarde et vice versa : « Les États parties s’efforcent de veiller à ce que toute activité liée au tourisme, qu’elle soit menée par les États parties ou par des organismes publics ou privés, démontre tout le respect dû à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur leurs territoires et aux droits, aspirations et souhaits des communautés, des groupes et des individus concernés. À cette fin, les États parties sont encouragés à :

(a) évaluer, à la fois de manière générale et spécifique, le potentiel du patrimoine culturel immatériel pour le tourisme durable et les impacts du tourisme sur le patrimoine culturel immatériel et sur le développement durable des communautés, des groupes et des individus concernés, étant très attentif à anticiper leurs impacts potentiels avant la mise en place de ces activités ;108

(b) adopter des mesures juridiques, techniques, administratives et financières appropriées pour :

« i. veiller à ce que les communautés, groupes et individus concernés soient les principaux bénéficiaires de tout tourisme associé à leur propre patrimoine culturel immatériel, tout en assurant la promotion de leur rôle moteur dans la gestion de ce tourisme ;;

ii. assurer que la viabilité, les fonctions sociales et les significations culturelles de ce patrimoine ne soient en aucune façon diminuées ou menacées par ce tourisme ;

iii. guider les interventions de ceux qui sont impliqués dans l’industrie touristique et le comportement de ceux qui y participent en tant que touristes. » 109

Les Directives opérationnelles sont disponibles sur : hhttps://ich.unesco.org/fr/directives

Le tourisme dans les Principes éthiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

Les Principes éthiques de l’UNESCO visent à fournir un cadre sur les codes d’éthique et les outils qui peuvent être utilisés dans la sauvegarde du PCI. Bien que les douze principes soient tous étroitement liés au PCI dans le tourisme, car le tourisme est en effet considéré comme une menace potentielle, les principes suivants doivent être plus particulièrement pris en considération lors du développement d’un tourisme basé sur le PCI :

  1. Les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus devraient avoir le rôle principal dans la sauvegarde de leur propre patrimoine culturel immatériel.
  2. Le respect mutuel doit prévaloir dans les interactions entre États et entre communautés, groupes et, le cas échéant, individus. Le respect mutuel devrait être étendu aux visiteurs et aux autres secteurs qui construisent des réseaux touristiques complexes. Dans de telles interactions, une communication et un dialogue transparents doivent être exercés.
  3. L’accès des communautés, groupes et individus aux instruments, objets, artefacts, espaces culturels et naturels et lieux de mémoire dont l’existence est nécessaire à l’expression du patrimoine culturel immatériel devrait être assuré. Ceci est extrêmement important lorsque les bénéfices générés par le tourisme passent avant les besoins des communautés.
  4. Chaque communauté, groupe ou individu devrait évaluer la valeur de son propre patrimoine culturel immatériel et ce patrimoine culturel immatériel ne devrait pas être soumis à des jugements externes de valeur. Sinon, les pratiques du PCI seront façonnées par le marché du tourisme selon ses propres canons.
  5. Les communautés, groupes et individus qui créent le patrimoine culturel immatériel devraient bénéficier de la protection des intérêts moraux et matériels résultant de ce patrimoine, et notamment de son utilisation, recherche, documentation, promotion ou adaptation par les membres des communautés ou autres.
  6. La nature dynamique et vivante du patrimoine culturel immatériel doit être constamment respectée. L’authenticité et l’exclusivité ne doivent pas constituer des préoccupations ni des obstacles à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.Le concept d’authenticité est d’un grand intérêt pour la sauvegarde du PCI dans le contexte du tourisme. Ici, l’authenticité est promue comme « l’apparence et l’expérience de ce qui est perçu comme une activité, un élément ou un cadre véritable ou authentique, basé sur la compréhension culturelle de l’observateur » (Étude de l’OMT sur le tourisme et le PCI). Même si l’authenticité n’est pas un mot à utiliser dans le contexte de la Convention de 2003 car celui-ci est considéré comme impliquant une nature inchangée du patrimoine, lorsqu’il est analysé dans le contexte touristique, nous apprenons que le maintien de l’authenticité est lié à la menace de commercialisation de la culture vivante, « car il peut s’agir d’une simplification du patrimoine à des fins de transmission. Un équilibre doit être trouvé entre la marchandisation des produits touristiques du PCI pour les rendre commercialement viables, tout en évitant qu’ils ne deviennent trop marchands ». (Idem)
  7. À cet égard, les communautés, les groupes, les organisations locales, nationales et transnationales et les individus devraient soigneusement évaluer l’impact direct et indirect, à court et à long terme, potentiel et définitif de toute action susceptible d’affecter la viabilité du patrimoine culturel immatériel ou des communautés qui le pratiquent. Cette évaluation doit se faire au cas par cas.
  8. Les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus devraient jouer un rôle important dans la détermination de ce qui constitue des menaces pour leur patrimoine culturel immatériel, y compris la décontextualisation, la marchandisation et la représentation erronée de celui-ci, et dans la décision de prévenir et d’atténuer ces menaces.

Les Principes éthiques pour la sauvegarde du PCI sont disponibles sur : https://ich.unesco.org/fr/thique-et-pci-00866

UNESCO – Sauvegarde du patrimoine immatériel et tourisme culturel durable : opportunités et défis (2008)

Ce document explore les défis rencontrés lors de la sauvegarde du PCI et de sa mise en valeur à travers le tourisme tels qu’ils ont été présentés lors de la réunion de l’UNESCO de 2007 au Vietnam. Cette réunion a été organisée afin de faire le point sur la compréhension de la relation entre le tourisme durable et le PCI et son application directe au niveau du terrain. Le document aborde différents thèmes dans le contexte du tourisme durable, tels que l’artisanat, les arts du spectacle et le patrimoine vivant, ainsi que plusieurs défis à travers des études de cas.
Il est disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732

ONU (Nations Unies) – L’Agenda du développement durable à l’horizon 2030 et les Objectifs de Développement Durable (2015)

Les Nations Unies, fondées en 1945, ont créé l’Agenda du développement durable à l’horizon 2030, qui a été adopté en 2015 par tous les États membres de l’organisation. Les 17 Objectifs du Développement Durable sont au cœur de ce projet ambitieux et essentiel. L’Agenda se concentre sur : les personnes, la planète, la prospérité, la paix et le partenariat.

Les objectifs de l’ONU pour le développement durable deviennent de plus en plus présents dans notre vie quotidienne à mesure que le projet est mis en œuvre dans de nombreuses institutions visibles et atteint une plus grande reconnaissance. Bien que la réalisation d’un tourisme durable dans le monde entier ne soit pas clairement énoncée comme l’un des objectifs, celle-ci est implicite dans nombre d’entre eux car elle touche notre vie économique, sociale, culturelle et environnementale. Ainsi, ces objectifs peuvent être appliqués au tourisme durable et aux pratiques sociales et culturelles (telles que les pratiques du patrimoine immatériel) des communautés, groupes et individus concernés.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur l’Agenda 2030 et les Objectifs de Développement Durable sur :

PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) et OMT – Vers un tourisme durable, guide à l’usage des décideurs (2005)

En 2005, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies se sont associés pour créer un guide. Ce document aide les décideurs politiques et les gouvernements à rendre les activités touristiques plus durables en les conseillant sur l’implication des instances politiques dans le tourisme, sur les structures et les stratégies à mettre en œuvre, sur les différentes formes que peut prendre le tourisme durable et sur les outils et ressources disponibles.

Il est disponible sur : https://www.e-unwto.org/doi/book/10.18111/9789284411191

UNESCO & OMT – Déclarations sur le tourisme et la culture

L’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies et l’UNESCO se sont associées à plusieurs reprises afin de répondre aux nombreux problèmes posés par la croissance du tourisme et son impact sur le patrimoine culturel. Ensemble, ils ont organisé quatre conférences mondiales qui ont abouti à quatre déclarations sur l’important sujet du tourisme et de la culture. La première (2015), la Déclaration de Siem Reap, est axée sur la construction d’un nouveau modèle de partenariat pour les acteurs du tourisme et du patrimoine ; en 2017 la Déclaration de Mascate a souligné la nécessité de favoriser le développement durable. Un an plus tard, en 2018, les deux organisations ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une meilleure répartition des bénéfices d’une telle collaboration entre les secteurs du tourisme et de la culture et en 2019, la Déclaration de Kyoto a donné un aperçu de la nécessité pour le tourisme et la culture d’investir dans les générations futures.
Les quatre déclarations peuvent être téléchargées sur : https://www.e-unwto.org/action/doSearch?AllField=declarations+tourism+and+culture&ConceptID=

En savoir plus sur les quatre déclarations :

Déclaration de Siem Reap sur le tourisme et la culture : construire un nouveau modèle de partenariat (2015)

En 2015, l’UNESCO et l’OMT se sont réunis à Siem Reap (Cambodge) pour une conférence internationale, afin d’élaborer une déclaration officielle concernant le lien entre tourisme et culture, et la nécessité de construire un nouveau modèle de partenariat en matière de développement durable. La Déclaration sur le tourisme et la culture considère le tourisme durable comme « une force considérable pour sauvegarder et favoriser l’appréciation du patrimoine matériel et immatériel ainsi que pour encourager le développement des arts, de l’artisanat et d’autres activités créatives » 110.

La Déclaration de Siem Reap prend en considération le PCI sous le terme de patrimoine culturel et stipule que « la culture, reflétée dans le patrimoine et les traditions autant que dans l’art contemporain, les langues, la cuisine, la musique, l’artisanat, les musées et la littérature : est d’une valeur incommensurable pour les communautés d’accueil, façonne les identités communautaires et favorise le respect et la tolérance entre les personnes, est devenue un atout touristique clé, créant des différences distinctives entre les destinations » et que « le tourisme culturel peut apporter une contribution significative au développement socio-économique et à l’autonomisation des communautés locales » 111.

La Déclaration de Siem Reap souhaite promouvoir et protéger le patrimoine culturel en :

  • « Encourageant les activités touristiques qui contribuent à accroître la sensibilisation du public et son soutien à la protection et à la conservation du patrimoine culturel ; en particulier, en communiquant les caractéristiques et les valeurs patrimoniales à travers la chaîne de l’expérience touristique ;
  • Tenant compte des aspirations des communautés d’accueil dans la détermination et la gestion de l’usage de la culture matérielle et immatérielle ;
  • Veillant à ce que des revenus suffisants tirés des activités touristiques soient consacrés à la gestion et à la conservation du patrimoine culturel et naturel et favorisent l’engagement des touristes ; (…)
  • Veillant à ce que les groupes et peuples -autochtones et leurs cultures soient respectés et préservés et que le développement et la promotion du tourisme se fassent avec une pleine participation et par le biais de partenariats équitables » 112

Ce document reconnaît que « malgré les immenses synergies entre le tourisme et la culture, les deux secteurs opèrent souvent au sein de structures gouvernementales et administratives déconnectées ou mal coordonnées, ce qui entraîne des résultats moins qu’optimaux pour les politiques de développement, la planification et le développement nationaux et régionaux ». La déclaration mentionne également qu’« à une époque de croissance touristique sans précédent, il est important de souligner la responsabilité partagée entre les acteurs de la culture et du tourisme, en particulier au sein du gouvernement et de l’administration publique à tous les niveaux, ainsi que les immenses opportunités pour la culture et le tourisme de développer de nouveaux modèles de partenariat ». Les deux organisations affirment que, pour que le tourisme atteigne la durabilité économique, sociale et environnementale, les atouts culturels et naturels doivent être protégés et valorisés. Pour atteindre l’objectif d’un meilleur modèle de partenariat entre tourisme et culture, l’UNESCO et l’OMT ont réaffirmé leur volonté de :

  • réduire les obstacles existants et faciliter « des modèles de partenariat et des structures de gouvernance efficaces au sein du gouvernement aux niveaux national, régional et local pour développer, coordonner et mettre en œuvre des politiques et des pratiques touristiques et culturelles de manière plus intégrée »,
  • encourager et faciliter « des partenariats efficaces entre les organisations gouvernementales, privées et communautaires dans les secteurs du tourisme et du patrimoine culturel »,
  • et développer « des politiques de tourisme culturel qui reconnaissent, protègent et promeuvent l’authenticité de la culture et du patrimoine culturel et forgent des synergies efficaces en utilisant une gamme de technologies appropriées et de plateformes de médias sociaux permettant à toutes les parties prenantes d’échanger davantage d’informations, d’expériences et de meilleures pratiques dans ce domaine » 113

Déclaration de Mascate sur le tourisme et la culture : favoriser le développement durable (2017)

Deux ans après la Déclaration de Siem Reap, l’UNESCO et l’OMT ont de nouveau coopéré pour rédiger la Déclaration de Mascate, qui réaffirme la volonté de « renforcer les synergies entre le tourisme et la culture et faire progresser la contribution du tourisme culturel à l’Agenda 2030 pour le développement durable et aux 17 ODD [Objectifs de Développement Durable] » en :

  • Proposant l’élaboration de « politiques de tourisme culturel qui font progresser la contribution de la culture et du tourisme au développement durable et qui sont alignées sur l’Agenda 2030 des Nations Unies »,
  • « Stimulant l’engagement du secteur privé et des communautés locales dans le tourisme et le développement du tourisme culturel ainsi que dans la préservation du patrimoine culturel »,
  • « Promouvant une culture de respect auprès des touristes et des communautés locales, de leurs identités, modes de vie et croyances lors de la visite des sites et des destinations à des fins de tourisme culturel durable » 114

La Déclaration de Mascate vise également à « promouvoir une gestion touristique responsable et durable du patrimoine culturel en :

  • Protégeant le patrimoine culturel et en sauvegardant le patrimoine immatériel, indispensable pour maintenir l’attractivité des destinations touristiques ; (…)
  • Assurant l’engagement des communautés locales dans la gestion du tourisme sur les sites du patrimoine de manière durable, responsable et inclusive et en répondant aux aspirations des communautés sur la sauvegarde et la transmission de leurs valeurs patrimoniales culturelles matérielles et immatérielles ; (…)
  • Assurant le financement nécessaire à la préservation des sites du patrimoine culturel et à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel par le biais d’investissements et de modèles d’autofinancement » 115

Le document encourage la création de nouvelles approches de développement durable via le tourisme culturel, utilisant l’innovation et les nouvelles technologies. Ce renouveau permettrait de développer des actions de sensibilisation tant matérielles qu’immatérielles et de promouvoir des expériences de tourisme culturel prenant en compte la diversité culturelle 116

La Déclaration d’Istanbul sur le tourisme et la culture : pour le bénéfice de tous (2018)

En 2018, une troisième déclaration a été établie dans laquelle l’UNESCO et l’OMT ont réaffirmé leur engagement à contribuer à l’Agenda 2030 des Nations Unies. La Déclaration d’Istanbul a rappelé les déclarations précédentes de Siem Reap et de Mascate et a promu la création de « structures de gouvernance qui lient le tourisme et la culture et apportent un large éventail d’avantages aux destinations, aux entreprises, aux visiteurs et aux populations locales, tout en maintenant un équilibre sain entre le développement du tourisme et la conservation et la sauvegarde du patrimoine » concernant le tourisme durable et le développement durable.

La Déclaration d’Istanbul vise également à développer le rôle important que le tourisme responsable peut avoir dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en :

  • “Sensibilisant et assurant une appréciation mutuelle aux niveaux local, national et international de l’importance du patrimoine culturel immatériel ;
  • Renforçant les pouvoirs décisionnels des communautés locales, y compris les détenteurs et les gardiens du patrimoine culturel immatériel, ainsi que les peuples autochtones, les femmes et les jeunes, en ce qui concerne le développement du tourisme et les meilleurs moyens d’améliorer leurs moyens de subsistance ;
  • Établissant des plateformes de collaboration entre les communautés, les autorités touristiques et d’autres parties prenantes, en vue d’assurer la pertinence du patrimoine culturel immatériel dans la promotion de la diversité culturelle et de la créativité humaine. 117

Déclaration de Kyoto sur le tourisme et la culture : investir dans les générations futures (2019)

La dernière déclaration de l’UNESCO et de l’OMT en date, la Déclaration de Kyoto, rappelle toutes les déclarations précédentes et l’Agenda 2030 des Nations Unies en ajoutant que les mesures doivent être renforcées pour « sauvegarder le patrimoine culturel matériel et immatériel et promouvoir et protéger la diversité des expressions culturelles et des valeurs intrinsèques qui y sont contenues ». Elle vise également à consolider les capacités de développement durable du tourisme culturel et une meilleure compréhension des valeurs partagées, en :

  • « Développant les talents humains et encourageant la rétention des talents compte tenu de sa contribution cruciale à la durabilité, à l’entrepreneuriat, à l’adéquation des compétences et à la compétitivité globale du tourisme culturel ; (…)
  • Investissant dans les capacités humaines et le développement durable des zones moins visitées, en dispensant des formations sur les itinéraires culturels et thématiques et en contribuant au dialogue interculturel, à la coopération internationale et à la paix ; et en
  • Utilisant les installations culturelles telles que les musées pour impliquer davantage les visiteurs et les résidents dans les cultures et traditions locales. » 118

La volonté de « redéfinir la gestion du tourisme pour faire progresser l’autonomisation des communautés locales et le tourisme responsable » a été réaffirmée dans la Déclaration de Kyoto en « impliquant l’ensemble de la destination dans la planification urbaine et la gestion de la destination grâce à la participation des communautés locales et des secteurs privé/public ».

L’objectif de ce document est également de promouvoir « le « modèle de Kyoto » en matière de gestion de la relation entre le tourisme, la culture et la communauté locale », qui appelle au bon équilibre des bénéfices provenant du tourisme avec les besoins des communautés locales, considérant que si ces besoins sont ignorés, la ville changera et n’aura plus de culture unique, ce qui aura un impact sur l’industrie du tourisme en même temps 119

L’UNESCO et l’OMT s’engagent également dans une nouvelle mission : l’enrichissement du tourisme par la transmission de la culture et la compréhension mutuelle. Pour ce faire, la Déclaration de Kyoto exhorte à :

  • Célébrer « la diversité culturelle et le dialogue interculturel, notamment à travers les festivals, l’éducation, la sensibilisation et les centres culturels ou spirituels »,
  • Combler « les lacunes de la recherche sur l’impact de la croissance continue du tourisme, de l’urbanisation croissante et de la migration sur la transmission des cultures »,
  • Créer « des initiatives centrées sur la communauté qui rassemblent les praticiens et les détenteurs des savoirs traditionnels pour renforcer les systèmes de transmission des cultures par le tourisme pour les générations futures » 120

UNESCO-EIIHCAP – Réunion régionale : Sauvegarde du Patrimoine Immatériel et Tourisme Durable : Opportunités et Défis

Ce document est le résultat d’une réunion régionale tenue en décembre 2007 au Vietnam, organisée conjointement par le bureau de Bangkok de l’UNESCO et l’Initiative d’établissement du Centre du patrimoine immatériel pour l’Asie-Pacifique (EIIHCAP). Il aborde les thèmes du patrimoine culturel immatériel, du tourisme culturel, de l’écotourisme, du développement durable et de la préservation des biens culturels à travers le prisme de la situation vietnamienne, mais ces principes et concepts généraux sont également abordés avec une vision plus large, et sont applicables plus largement. Il contient des informations intéressantes, issues de discussions sur le PCI et le tourisme durable.

Disponible sur : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000178732

OMT – Guide du tourisme durable de l’UE pour le développement. Renforcement des capacités pour le tourisme durable pour le développement dans les pays en développement (2013)

Le guide de l’UE sur le tourisme durable pour le développement propose une approche globale du tourisme et parle de ses impacts, de son développement et de sa gestion. Le document fournit des orientations pour le développement de projets de tourisme durable et pour mieux inclure le tourisme durable dans les programmes de l’UE.

Il est disponible en lecture et en téléchargement dans de nombreuses langues sur : https://doi.org/10.18111/9789284415496. Vous trouverez également des informations sur ce guide sur : https://www.unwto.org/fr/EU-guidebook-on-sustainable-tourism-for-development

OMT – Indicateurs de développement durable pour les destinations touristiques. Un guide (2004)

En 2004, l’OMT a publié un premier guide traitant des indicateurs de développement durable pour les destinations touristiques. Dans ce cadre, la durabilité est abordée via les 3 piliers susmentionnés de (1) l’utilisation optimale des ressources environnementales,
(2) le respect de l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil et
(3) les avantages économiques pour toutes les parties prenantes.
Le Guide a été influent dans son ensemble, ainsi que pour mieux comprendre les relations entre le PCI et le tourisme et la place de la communauté d’accueil au sein du secteur du tourisme. La méthodologie de suivi dépend fortement des processus participatifs, et les indicateurs d’évaluation des impacts du tourisme sur les communautés locales ainsi que sur les visiteurs sont un moyen de travailler et de repenser les processus derrière différentes initiatives touristiques liées au PCI.

Il est disponible sur : https://www.e-unwto.org/doi/epdf/10.18111/9789284407262

OMT – Code mondial d’éthique du tourisme

Le Code mondial d’éthique du tourisme (GCET), créé en 1999 par l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme, donne des principes simples aux acteurs du tourisme tels que les gouvernements, les entreprises de voyage, les communautés ou les touristes eux-mêmes. Il vise à aider à créer des bénéfices dans le secteur du tourisme tout en atténuant les impacts négatifs que le tourisme peut avoir sur l’environnement, le patrimoine culturel et les populations locales à travers le monde.
Il est disponible pour lecture et téléchargement dans de nombreuses langues sur : https://www.unwto.org/global-code-of-ethics-for-tourism

OMT – Recommandations sur le développement durable du tourisme autochtone (2019)

Suite à la Déclaration de Larrakia et aux travaux de WINTA (World Indigenous Tourism Alliance), l’OMT a formulé un ensemble de recommandations « pour encourager les entreprises touristiques à développer leurs activités de manière responsable et durable, tout en permettant aux communautés autochtones qui souhaitent s’ouvrir au tourisme de saisir pleinement les opportunités qui se présentent, à la suite d’un processus de consultation approfondi. Les recommandations ciblent également les touristes qui visitent les communautés autochtones et dont le nombre ne cesse d’augmenter compte tenu de la croissance du tourisme motivé par l’intérêt de découvrir les cultures autochtones et les modes de vie traditionnels » 121 Ce document compile des recommandations pour les voyageurs et les agences de voyage, pour les guides touristiques, pour les communautés autochtones et pour les touristes.

Il est disponible en lecture et en téléchargement sur :
https://doi.org/10.18111/9789284421299

OMT – Conseils pour un voyageur responsable

L’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies a également publié un document, Conseils pour un voyageur responsable, qui fournit des conseils utiles sur la façon de se comporter en voyage non seulement pour profiter d’un voyage mais aussi pour respecter les populations locales, leur mode de vie et leur environnement. Celui-ci souligne différents aspects d’un voyage respectueux : la culture, l’environnement, l’économie, l’information et le respect.

Il est disponible sur : https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/s3fs-public/2020-03/tips-for-responsible-traveller-EN.pdf

OMT – Tourisme et patrimoine culturel immatériel (2012)

Le Programme Éthique et Dimensions Sociales du Tourisme de l’OMT a commandé une étude en 2012 sur le tourisme et le patrimoine culturel immatériel. Il était basé sur des recherches menées par des spécialistes du tourisme et impliquait des ONG, des universitaires, des chercheurs, des experts techniques et du développement communautaire. Cette étude, Tourisme et Patrimoine Culturel Immatériel, aborde les concepts, les définitions et les défis du développement touristique liés au patrimoine culturel immatériel. Elle fournit également des études de cas et des exemples de bonnes pratiques et propose des recommandations pour favoriser le développement du tourisme durable par la sauvegarde et la promotion du PCI.

Le document est disponible en téléchargement sur : https://doi.org/10.18111/9789284414796

Guide de l’OMT pour une récupération inclusive – Impacts socioculturels de la COVID-19, Numéro II : Tourisme culturel

En février 2021, l’OMT a lancé le Guide de récupération inclusive – Impacts socioculturels de la COVID-19, Numéro II : Tourisme Culturel. L’OMT a invité l’UNESCO à contribuer à ce deuxième ensemble de lignes directrices relatives aux impacts socioculturels de la COVID-19.

Le guide est disponible sur : https://www.e-unwto.org/doi/book/10.18111/9789284422579

Convention-cadre de l’OMT sur l’éthique du tourisme (2020)

En 2015, le Comité Mondial d’Éthique du Tourisme a soumis à l’Assemblée Générale de l’OMT une proposition visant à convertir le Code Global d’Éthique du Tourisme, principal document de politique de l’OMT, en une convention internationale afin de renforcer son efficacité. La Convention-cadre a été officiellement adoptée en 2020.
La Convention-cadre pour l’éthique du tourisme s’articule autour des neuf principes fondamentaux du Code mondial d’éthique du tourisme. Le préambule du texte s’inspire de celui du Code mondial d’éthique du tourisme, bien qu’actualisé en fonction du contexte international actuel et de l’objectif de la convention proposée. La partie I de la Convention comprend les Dispositions générales qui contextualisent le texte en décrivant la terminologie clé, l’objectif et la portée des dispositions de la Convention ainsi que les moyens de mise en œuvre. La partie II est consacrée aux principes éthiques du tourisme qui constituent l’épine dorsale de la Convention. Le patrimoine culturel est traité aux articles 4, 6 et 7.

Le document est disponible sur : https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284421671

Conférence mondiale sur le tourisme durable – Charte du tourisme durable (1995)

En 1995, une conférence mondiale a été organisée en Espagne par des institutions internationales telles que l’UNESCO, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), entre autres. Lors de cette réunion internationale, les participants ont reconnu que l’industrie du tourisme peut avoir des impacts économiques, sociaux, environnementaux et culturels positifs et négatifs. Pour prévenir ces impacts négatifs, la conférence a reconnu la nécessité d’une méthodologie globale respectueuse de la diversité des cultures et des modes de vie que le tourisme englobe.

La Charte du tourisme durable a été définie et soumise à l’ONU en 1995, elle présente les 18 principes du tourisme durable et exhorte « les gouvernements, les autres pouvoirs publics, les décideurs et les professionnels du tourisme, les associations et institutions publiques et privées dont les activités sont liées au tourisme, et les touristes eux-mêmes, à adopter les principes et les objectifs de la Déclaration 122

Directement lié au patrimoine immatériel, le troisième principe stipule que « le tourisme doit tenir compte de ses effets sur le patrimoine culturel et les éléments, activités et dynamiques traditionnels de chaque communauté locale. La reconnaissance de ces facteurs locaux et le soutien de l’identité, de la culture et des intérêts de la communauté locale doivent à tout moment jouer un rôle central dans la formulation des stratégies touristiques » 123. La charte mentionne également dans son 4ème principe que « la contribution active du tourisme au développement durable suppose nécessairement la solidarité, le respect mutuel et la participation de tous les acteurs, publics et privés, impliqués dans le processus, et doit s’appuyer sur des mécanismes de coopération efficaces » à tous les niveaux : local, national, régional et international » 124. Le 8e principe stipule que « toutes les options de développement touristique doivent servir efficacement à améliorer la qualité de vie de tous et doivent influencer l’enrichissement socioculturel de chaque destination » 125.

Le document est disponible sur : http://www.institutoturismoresponsable.com/events/sustainabletourismcharter2015/wp-content/uploads/2015/06/CharterForSustainableTourism.pdf

Conférence mondiale sur le tourisme durable – Charte mondiale du tourisme durable +20 (2015)

Vingt ans après la présentation de la Charte du Tourisme Durable, une autre conférence, le Sommet Mondial du Tourisme Durable s’est tenu en 2015 pour adopter et proclamer la nouvelle Charte Mondiale du Tourisme Durable +20. Ce document est une version renouvelée de la charte vieille de vingt ans et comprend les 17 Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations Unies. En 2015, la question n’est plus de savoir si le tourisme durable est une solution viable, mais de réfléchir jusqu’où peut aller le tourisme durable pour bénéficier aux communautés locales, sauvegarder le patrimoine culturel et naturel, protéger l’environnement et soutenir les économies.

La Charte est disponible en téléchargement sur : http://www.institutoturismoresponsable.com/events/sustainabletourismcharter2015/the-world-charter-for-sustainable-tourism/index.html

ICOMOS – Charte internationale du tourisme culturel

Le Conseil international des monuments et des sites, connu sous le nom d’ICOMOS, est une organisation non gouvernementale internationale dédiée à la conservation et à la protection des sites du patrimoine culturel. Depuis sa création en 1964, la mission de l’ICOMOS est de : « promouvoir la conservation, la protection, l’utilisation et la mise en valeur des monuments, ensembles immobiliers et sites » 126

La Charte internationale du tourisme culturel de l’ICOMOS, rédigée en 1976, a été adaptée en 1999 en réponse à l’impulsion croissante de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et d’autres types de patrimoine dans la seconde moitié du XXe siècle. Cette révision concernait non seulement une définition plus large du patrimoine, mais comprenait également un contenu sur la gestion du patrimoine culturel immatériel concernant les activités touristiques et sur les partenariats avec les acteurs du tourisme. Elle mentionne que le patrimoine immatériel est une partie importante du patrimoine et définit le PCI comme « des pratiques culturelles, des connaissances et des expériences vécues passées et présentes ». Cette inclusion du PCI dans la charte reconnaît la place du patrimoine immatériel dans les activités touristiques et la nécessité de sauvegarder non seulement le patrimoine matériel mais aussi le patrimoine immatériel dans les actions touristiques.

Conformément aux valeurs du tourisme durable, la charte stipule que « le tourisme doit apporter des avantages aux communautés d’accueil et leur fournir un moyen et une motivation importants pour prendre soin et maintenir leur patrimoine et leurs pratiques culturelles. L’implication et la coopération des représentants des communautés locales et/ou autochtones, des défenseurs de l’environnement, des opérateurs touristiques, des propriétaires fonciers, des décideurs politiques, de ceux qui préparent les plans de développement nationaux et des gestionnaires de sites sont nécessaires pour parvenir à une industrie du tourisme durable et améliorer la protection des ressources patrimoniales pour les générations futures » 127

Cette charte est disponible sur le site internet de l’ICOMOS à l’adresse :
https://www.icomos.org/en/newsletters-archives/179-articles-en-francais/ressources/charters-and-standards/162-international-cultural-tourism-charter
https://www.icomos.org/charters/tourism_e.pdf

ICOMOS – Le document de Nara sur l’authenticité (1994)

Le document de Nara sur l’authenticité a été créé par le Conseil international des monuments et des sites (une organisation non gouvernementale internationale dédiée à la conservation et à la protection des sites du patrimoine culturel) en 1994 pour répondre à la nécessité de clarifier la notion d’authenticité en matière de patrimoine culturel. Ce document part du principe que la diversité culturelle et le patrimoine culturel sont des éléments majeurs lors de l’évaluation de la « valeur » et de « l’authenticité » d’un bien culturel.

Il est disponible sur : https://www.icomos.org/charters/nara-e.pdf

PATA (Pacific Asia Travel Association), UNWTO & WINTA (World Indigenous Tourism Alliance) – Déclaration de Larrakia (2012)

En 2012, l’Alliance mondiale du tourisme autochtone (WINTA) a adopté à Darwin, en Australie, la Déclaration de Larrakia, qui vise à protéger les populations autochtones de l’impact négatif du tourisme.

La Déclaration de Larrakia a été initiée par la PATA et promulguée lors de la Pacific Asia Indigenous Tourism Conference en Australie, sur le territoire de Larrakia. Seize pays étaient représentés à cette conférence, dont des acteurs du tourisme, des communautés autochtones, des agences gouvernementales et des organismes de soutien, et 6 principes ont été adoptés pour guider le développement du tourisme autochtone. L’Alliance mondiale du tourisme autochtone a été créée à la suite de la conférence et l’OMT a ensuite reconnu et soutenu les principes.

La Déclaration comprend six principes :

  1. « Le respect du droit coutumier et des coutumes, de la terre et de l’eau, des connaissances traditionnelles, des expressions culturelles traditionnelles, du patrimoine culturel qui sous-tendront toutes les décisions touristiques.
  2. La culture autochtone ainsi que les terres et les eaux sur lesquelles elle repose seront protégées et promues grâce à des pratiques touristiques bien gérées et à une interprétation appropriée.
  3. Les peuples autochtones détermineront l’étendue, la nature et les arrangements organisationnels de leur participation au tourisme et les gouvernements et les organismes multilatéraux soutiendront l’autonomisation des peuples autochtones.
  4. Les gouvernements ont le devoir de consulter et de se mettre en accord avec les peuples autochtones avant d’entreprendre des décisions sur les politiques publiques et les programmes visant à favoriser le développement du tourisme autochtone.
  5. L’industrie du tourisme respectera les droits de propriété intellectuelle, les cultures et les pratiques traditionnelles autochtones, la nécessité de partenariats commerciaux durables et équitables et le soin approprié de l’environnement et des communautés qui les soutiennent.
  6. Des partenariats équitables entre l’industrie du tourisme et les peuples autochtones incluront le partage de la sensibilisation culturelle et le développement des compétences qui soutiennent le bien-être des communautés et permettent l’amélioration des moyens de subsistance individuels. 128

Elle est disponible sur : https://www.ecotourism.org.au/assets/Resources-Hub-Indigenous-Tourism/International-Indigenous-Tourism-Human-Rights-Review-Analysis-Checklists.pdf

Outils et lignes directrices

De nombreux outils et lignes directrices ont été publiés pour soutenir et aider les communautés, les organisations, l’industrie du voyage et les décideurs politiques à entreprendre des projets de tourisme et de PCI. Les outils et lignes directrices suivants sont utiles aux différentes étapes des projets touristiques liés au PCI :

OMT (1999). Code Mondial d’Éthique pour le Tourisme.

Adopté en 1999 par l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme, le Code Global d’Éthique pour le Tourisme est un ensemble de 10 principes à adopter pour un tourisme responsable et durable. Il cherche à minimiser les impacts du tourisme sur les communautés, le patrimoine culturel et l’environnement.
Le code est disponible sur https://www.unwto.org/global-code-of-ethics-for-tourism

NESCO (2015). Principes éthiques pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Mentionnés précédemment dans cette boîte à outils, les principes éthiques sont les principales lignes directrices pour développer tout type de projet de PCI dans le respect des communautés et en garantissant la viabilité des pratiques traditionnelles. Pour tout projet touristique, ces 12 principes doivent être adoptés de concert avec les 10 principes du Code Mondial d’Éthique pour le Tourisme.
Ils peuvent être trouvés sur https://ich.unesco.org/en/ethics-and-ich-00866

SNV et Université d’Hawaï (2007). Une boîte à outils pour le suivi et la gestion du tourisme communautaire.

Le suivi et la gestion sont des éléments essentiels de tout type de projet. Pour les projets touristiques, cette boîte à outils donne des lignes directrices pour inclure les communautés en tant qu’acteurs principaux de ces deux étapes. Elle est basée sur des études de cas, montrant que différentes approches sont possibles, et contribue à améliorer les résultats du tourisme afin d’avoir un impact et des résultats positifs pour les communautés et leur PCI.
La boîte à outils est disponible sur : https://www.humanrights-in-tourism.net/publication/toolkit-monitoring-and-managing-community-based-tourism

Promozione Internationale Sicile-Mondo (2019). Boosting Community-based Tourism and Youth Work for Global Sustainable Development.

Ce manuel de formation développe une méthodologie éprouvée pour le développement du tourisme communautaire. Le cours présente une série d’activités d’apprentissage concrètes et pratiques qui peuvent être suivies pour façonner un projet de tourisme communautaire. Il fait partie du projet BOCOTO (www.communitybasedtourism.eu), un projet international de renforcement des capacités visant à promouvoir le tourisme communautaire dans les zones rurales et reculées.
Le manuel de formation en anglais, italien et espagnol est disponible sur https://www.communitybasedtourism.eu/for-organisations/

Partenariat Tourisme 4.0 (2022). Innovation numérique du patrimoine culturel. Manuel pour les destinations touristiques et les institutions du patrimoine culturel.

Ce manuel est le résultat d’un projet slovène sur l’innovation numérique dans le patrimoine culturel. Il donne des lignes directrices pour inclure l’innovation numérique dans le tourisme dans le but de sauvegarder le PCI. Basé sur le cas slovène et principalement axé sur le patrimoine bâti, le manuel est un outil innovant qui apporte de nombreuses idées pour l’utilisation des ressources numériques pour des projets touristiques.
Il peut être trouvé sur : https://tourism4-0.org/heritage/toolkit/

Albert van der Zeijden (2021). Tourisme culturel et patrimoine immatériel : une évaluation critique et des orientations politiques.

Après un bref rappel des enjeux de la relation entre PCI et tourisme, cet article donne quelques lignes directrices pour des projets touristiques basés sur l’expérience du Centre néerlandais du patrimoine immatériel. Les lignes directrices visent à promouvoir le développement durable du PCI tout en développant le tourisme.
Il est disponible sur : https://www.immaterieelerfgoed.nl/en/page/9732/cultural-tourism-and-intangible-heritage-a-critical-appraisal-and

Gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud (2016). Une boîte à outils du tourisme culturel.

La boîte à outils du tourisme culturel du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud présente des recommandations générales et pratiques pour la planification du tourisme culturel. Bien qu’elle ne soit pas axée sur le PCI, la boîte à outils comprend des cas où le PCI est une composante importante et où les communautés ont joué un rôle décisif pour réaliser des projets touristiques durables.
Elle est disponible sur : https://www.create.nsw.gov.au/arts-in-nsw/a-cultural-tourism-toolkit/

Parlement Sami de Finlande (2018). Principes pour un tourisme Sami responsable et éthiquement durable.

Ces principes, également connus sous le nom de Lignes directrices éthiques pour le tourisme Sami, constituent un bon exemple de code d’éthique touristique adapté à un groupe autochtone particulier : le peuple Sami, qui vit en Finlande, en Norvège, en Russie et en Suède. Les principes s’adressent aux acteurs du tourisme et aux visiteurs du territoire Sami et leur objectif principal est de protéger la culture Sami des risques du tourisme.
Ils peuvent être trouvés sur : https://www.samediggi.fi/ethical-guidelines-for-sami-tourism/?lang=en

The British Academy, Coventry University, HIPAMS – Inde (2021). Note politique. Tourisme rural en Inde avec un accent particulier sur le Bengale occidental.

Le projet Heritage-sensitive Intellectual Property and Marketing Strategies (HIPAMS) a été lancé en 2018 dans le but de rechercher comment les compétences et les connaissances en marketing pourraient contribuer à sauvegarder le PCI et améliorer la qualité de vie des communautés. Ce court document présente certaines idées développées dans ce cadre et examine deux études de cas où des stratégies touristiques ont été mises en œuvre au cours du projet HIPAMS.
Il est disponible sur : https://blogi.eoppimispalvelut.fi/toolkitforculturaltourism/

Institut du tourisme multidimensionnel (2021). Boîtes à outils Arctisen pour améliorer la sensibilité culturelle dans le tourisme.

Entre 2018 et 2021, le projet « Tourisme culturellement sensible dans l’Arctique – ARCTISEN » a introduit l’idée de la sensibilité culturelle comme valeur principale des projets touristiques dans la région de l’Arctique. Dans un territoire où les cultures locales avaient une faible voix dans ce type de projets, ARCTISEN a travaillé avec les communautés et a développé cet ensemble de 3 boîtes à outils pour améliorer la coopération, la durabilité et la responsabilité, et pour sensibiliser à l’importance du PCI pour le tourisme.
Les boîtes à outils peuvent être trouvées sur : https://blogi.eoppimispalvelut.fi/toolkitforculturaltourism/

UNESCO 2021. Boîte à outils pour demander une assistance internationale à la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Le Fonds UNESCO pour le PCI accorde une aide aux projets de sauvegarde du PCI. Cette boîte à outils comporte un chapitre avec un guide étape par étape sur la manière de structurer un projet de sauvegarde participatif et durable. Certains des projets financés incluaient le tourisme comme composante importante, toujours dans le but de sauvegarder le PCI.
Le guide est disponible sur : https://ich.unesco.org/en/requesting-assistance-00039

Articles et livres

Voici une série de courtes critiques ou résumés des livres et articles que nous avons utilisés pour rechercher la relation entre le tourisme durable et le patrimoine culturel immatériel. À des degrés divers, tous illustrent le patrimoine immatériel à travers le prisme du tourisme durable ou aident à comprendre pourquoi le tourisme durable est si important lorsqu’il s’agit d’inclure le PCI dans le tourisme.

Ana Capalez Gomes (2015) – Challenging immateriality: Outline for a valuation model of invisible (and visible) heritage

Ana Capalez Gomes explore la présence du patrimoine culturel immatériel dans le tourisme, qui est de plus en plus visible dans le développement du tourisme culturel. Elle propose un modèle conçu pour valoriser et promouvoir le PCI, en particulier dans des contextes où il y a peu de communication entre les différentes parties prenantes, comme cela peut être le cas dans le développement touristique.
L’article est disponible sur : https://doi.org/10.25145/j.pasos.2016.14.004

Erik Cohen (1988) – Authenticity and commoditization in tourism

Dans cet article, Erik Cohen remet en question les hypothèses de base présentes dans la littérature concernant la marchandisation, « l’authenticité mise en scène » et l’incapacité du touriste à faire l’expérience de quelque chose d’authentique lors d’un voyage. L’auteur définit ce qu’il appelle « l’authenticité mise en scène », ainsi que « l’authenticité émergente », et développe une nouvelle approche de l’étude de l’authenticité et du sens dans les activités touristiques.
Cet article est disponible (payant) sur : https://doi.org/10.1016/0160-7383(88)90028-X

Elizabeth Gasiorowski-Denis, Organisation internationale de standardisation (ISO) (2017) – Repousser les limites du tourisme

L’Organisation internationale de standardisation ou ISO est une organisation non gouvernementale indépendante visant à développer des normes qui apportent des solutions aux défis mondiaux et soutiennent l’innovation. Cet article aborde les limites du tourisme et ce qui peut être proposé aux touristes pour maintenir un développement durable tout en permettant aux gens de continuer à voyager.
Il est disponible sur : https://www.iso.org/news/ref2223.html

Sharon Gmelch (2008) – « Why Tourism Matters » in Conformity and Conflict: Readings in Cultural Anthropology

Sharon Gmelch revient sur l’importance du tourisme et les pratiques qui y sont associées. Dans son article « Why Tourism Matters », elle questionne où et pourquoi les touristes voyagent, la mondialisation de la pratique, les impacts environnementaux, économiques et sociaux du tourisme, ainsi que le statut même du touriste et ce que cela signifie pour les visiteurs et les visités.
Il est disponible sur : https://www.researchgate.net/publication/306356192_Why_Tourism_Matters

Maria Gravari-Barbas (2020) – Patrimoine et tourisme : de l’opposition à la coproduction, in A Research Agenda for Heritage Tourism

Dans le premier chapitre de son livre A Research Agenda for Heritage Tourism, Maria Gravari-Barbas considère le tourisme comme l’un des facteurs les plus puissants de la production sociale du patrimoine. Avec ce livre, elle vise à rechercher le lien étroit et le lien renouvelé entre tourisme et patrimoine et comment ils se sont réciproquement impactés et transformés. Elle met en lumière les changements que l’on peut observer au cours des dernières décennies dans les deux secteurs et revient sur le phénomène de coproduction qu’elle a observé. Elle vise également à donner une impulsion renouvelée aux recherches futures sur le sujet.
Il est disponible sur : https://doi.org/10.4337/9781789903522.00007

Ion-Danut, Mariana Juganaru et Andreea Anghel (2008) – Sustainable tourism types

Cet article, publié en 2008 dans les annales de l’Université de Craiova – Série Sciences Economiques, vise à définir les différents types de tourisme couverts par la notion de tourisme durable. Le terme « tourisme durable » englobe une vaste liste de concepts plus spécifiques liés à l’industrie du tourisme. Chacun d’entre eux met l’accent sur différentes valeurs partagées non seulement par les acteurs du tourisme mais aussi par les touristes eux-mêmes, telles que des valeurs écologiques, « vertes », rurales, communautaires, solidaires ou responsables.
Il est disponible sur : http://feaa.ucv.ro/AUCSSE/0036v2-024.pdf

Soojung Kim, Michelle Whitford et Charles Arcodia (2019) – Development of intangible cultural heritage as a sustainable tourism resource: the intangible cultural heritage practitioners’ perspectives

Cet article, publié dans un numéro spécial du Journal of Heritage Tourism, aborde la notion difficile d’« authenticité » à travers les yeux des praticiens du PCI, la question de la transmission et de la promotion du PCI en tant que ressource touristique durable et les priorités des praticiens lorsqu’ils incluent le PCI dans les activités de tourisme durable.
Cet article est disponible (payant) sur : https://doi.org/10.1080/1743873X.2018.1561703

UNTWO (2013) – Sustainable tourism for development

Ce guide est basé sur les résultats d’une étude soutenue par la Commission européenne dans le cadre du projet « Renforcement des capacités pour un tourisme durable pour le développement dans les pays en développement ». Il visait à renforcer une compréhension et un engagement communs sur le tourisme durable, et à démontrer comment celui-ci est un vecteur de croissance économique et sociale, à travers la réalisation des impératifs de développement, tout en minimisant les impacts sociaux, culturels et environnementaux négatifs. Le guide comprend 3 parties : note d’orientation ; méthodologie (basée sur 5 piliers) ; analyse de la situation.
Il est disponible sur : https://www.e-unwto.org/doi/pdf/10.18111/9789284415496

Corinne Van der Yeught (2010) – Improving strategic diagnoses: to foster the mutation of tourism destinations into sustainable development ventures

Dans cet article publié dans les Mondes du tourisme, Corinne Van der Yeught propose une méthodologie pour aider les destinations touristiques à se transformer en un tourisme basé sur le développement durable. Elle souligne un ensemble de points pour ce faire : identifier un ensemble de ressources productives et humaines, identifier des ressources stratégiques telles que la dimension de durabilité, l’attractivité, le type de touristes, etc. Cet article vise à aider les acteurs du tourisme à définir leurs options stratégiques et à améliorer leur compétitivité et leur durabilité.
Il est disponible sur : https://doi.org/10.4000/tourisme.32

Albert van der Zeijden, Jorijn Neyrinck, Kathleen M. Adams, Frederike van Ouwerkerk, Bouke van Gorp & Paul Catteeuw (2020) – Intangible heritage as a tourist destination. Contribution to safeguarding intangible cultural heritage through sustainable tourism

Cet article fait partie d’un numéro thématique du Volkskunde Journal, publié en 2020, axé sur le patrimoine culturel immatériel et le tourisme. Il s’agit d’une introduction qui donne un aperçu de l’interface entre la sauvegarde du PCI et le tourisme durable. L’article montre les nombreux défis auxquels cette approche est confrontée, ainsi que les promesses qu’elle apporte.
Il est disponible sur : https://www.researchgate.net/publication/349425136_Intangible_Heritage_as_Tourist_Destination_Contributing_to_Safeguarding_Intangible_Cultural_Heritage_through_Sustainable_Tourism

Zhu Yujie et Salazar B. Noel (2015) – Heritage and tourism in Global heritage: A reader

En 2015, Zhu et Salazar ont écrit un chapitre consacré aux liens entre patrimoine et tourisme dans Global Heritage : A Reader. Cet article, même s’il ne parle pas directement du patrimoine culturel immatériel, évoque ce patrimoine vivant au prisme du développement durable. Les auteurs soulignent l’importance du patrimoine dans le tourisme, abordent le comportement des touristes lors de leur participation à des activités touristiques, évoquent les enjeux de labellisation des sites du patrimoine mondial et les enjeux globaux versus la spécificité locale, et pointent les tendances et défis auxquels tourisme et patrimoine sont confrontés.
L’article est disponible pour lecture et téléchargement sur : https://www.academia.edu/12739602/Heritage_and_Tourism

Plus de références bibliographiques :

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D’autres ressources peuvent être consultées sur le site « Tourisme anthropologique – perspectives humaines dans la gestion du tourisme » : http://anthropologicaltourism.com/how-louisianas-cultural-tradition-has-transcended-the-pandemic/

Média

VIDEO

sur le PCI et sa sauvegarde
TITRE SOURCE DURÉE VIDÉO LIEN
Pourquoi sauvegarder le patrimoine culturel immatériel ?
UNESCO 4:06 https://www.youtube.com/watch?v=swyv-LOCkrE
Invitation à plonger dans le patrimoine culturel immatériel / L’UNESCO définit le patrimoine culturel immatériel
UNESCO 2:20 https://www.youtube.com/watch?v=kuTSC9TB5Ds/
Que signifie pour vous le patrimoine culturel immatériel ?
UNESCO 1:17 https://www.youtube.com/watch?v=2phs0pQIgWU
sur le PCI et le tourisme durable – GÉNÉRAL
TITRE SOURCE DURÉE VIDÉO LIEN
Symposium sur le PCI et le tourisme (2020/15.COM)
ICH NGO Forum 1:05:41 https://www.youtube.com/watch?v=XfBm0U8mgQk
Tourisme durable et patrimoine culturel immatériel : risques et avantages
Organisation internationale du tourisme social 1:32:52 https://www.youtube.com/watch?v=WBktzZvsrwc/
Patrimoine culturel immatériel comme moteur économique du tourisme durable
Mourne Gullion Strangford aUGG 9:26 https://www.youtube.com/watch?v=UGGLI1lNOjE
Session 2 – Le tourisme responsable comme allié pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI)
OMT 47:12 https://www.youtube.com/watch?v=DU3TTbxwkdE
Plateforme Tourisme et ODD – Introduction
OMT 2:06 https://www.youtube.com/watch?v=6bX6iah_4Ec
Comment concilier médias numériques, patrimoine (immatériel) et tourisme durable
UnescoChair USI 15:54 https://www.youtube.com/watch?v=sk4toZJRZ_A
Conférence sur le tourisme du patrimoine immatériel dans le cadre du programme européen Interreg et Prix de la destination de tourisme culturel durable à Guimaraes (2016)
Réseau européen du tourisme culturel AISBL (ECTN) https://www.culturaltourism-network.eu/conference-2016.html
sur le tourisme du PCI – EXEMPLES
TITRE SOURCE DURÉE VIDÉO LIEN
Art for Life – M. Amitava Bhattacharya – 3e Conférence mondiale OMT/UNESCO sur le tourisme et la culture
OMT 2:31 https://www.youtube.com/watch?v=Q6gwtT182FA
Tisser la reprise – Les femmes autochtones dans le tourisme
OMT 23:39 https://www.youtube.com/watch?v=maHU9GKZNc0
Crémone : Vidéo promotionnelle
Municipalité de Crémone, Italie 02:42 Pièce jointe

POWERPOINT

sur le PCI et la sauvegarde
TITRE SOURCE LIEN
Conference on Intangible Heritage Tourism in the frame of Interreg Europe programme and Award of Sustainable Cultural Tourism Destination in Guimaraes (2016)
European Cultural Tourism Network AISBL (ECTN) https://www.culturaltourism-network.eu/conference-2016.html
Le PCI, un acteur clé du développement du tourisme
Amitava Bhattacharya, www.banglanatak.com [Pour OMT « Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant »] https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/imported_images/38181/2._amitava_ich_tourism_-_itb_berlin_-_mar_8_-_amitava_bhattacharya.pdf
Administration nationale géorgienne du tourisme
Administration nationale géorgienne du tourisme [Pour OMT « Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant »] https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/imported_images/38181/3._georgia_food_wine_
silk_road_task_force_meeting.pdf
Patrimoine culturel immatériel et perspectives touristiques en Croatie
Département du tourisme [Pour OMT « Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant »] https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/imported_images/38181/4._vlasta_k._unwto_intangible_croatia5.pdf
Tour Opérateurs et Cultures Vivantes
Groupe REWE [Pour OMT « Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant »] https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/imported_images/38181/6._itb_andreas.pdf
Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant – zoom sur : Festival du Folkore et des Percussions de Louga – FESFOP
CISV [Pour OMT « Tourisme et patrimoine culturel immatériel : un partenariat gagnant »] https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/imported_images/38181/7._simona_guida_ngo_cisv_fesfop_8.03.2013.pdf

Lexique

Patrimoine culturel immatériel (PCI) ou « patrimoine vivant » :

L’UNESCO définit le PCI comme une forme de patrimoine culturel à la fois traditionnel, contemporain et vivant. Le PCI est un patrimoine communautaire qui se transmet de génération en génération. Il procure aux communautés un sentiment d’identité et de continuité. Il n’est pas figé dans un état ou à un moment donné, il évolue avec ses praticiens. Le PCI peut inclure par exemple les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels, les événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, ou les connaissances et savoir-faire nécessaires à la production de l’artisanat traditionnel. L’UNESCO entend également que le PCI soit conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’aux exigences de respect mutuel entre les communautés, les groupes et les individus, et de développement durable.

Élément du PCI :

Ensemble de pratiques, représentations, expressions, savoirs, savoir-faire… que les communautés, les groupes et, dans certains cas, les individus reconnaissent comme un patrimoine identifiable.

Communautés, groupes et – dans certains cas – individus / CGI / communautés détentrices :

L’article 15 de la Convention de l’UNESCO de 2003 stipule que « Dans le cadre de ses activités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, chaque État partie s’efforce d’assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus qui créent, entretiennent et transmettent ce patrimoine, et de les impliquer activement dans sa gestion. » Ainsi, la notion de « communautés, groupes et individus » se réfère en formulation générale et ouverte aux personnes pratiquants et/ou concernées par le patrimoine vivant et sa sauvegarde. Dans le domaine du PCI aujourd’hui, vous pouvez aussi rencontrer cette notion abrégée en CGI, et dans ce dossier en ligne, nous utilisons également celle de « communautés détentrices ».

Praticiens du PCI :

Un praticien du PCI est une personne qui pratique activement une forme de PCI et permet donc sa transmission et sa pérennité dans le temps. Les praticiens sont aussi souvent appelés détenteurs du PCI.

Transmission du PCI :

La transmission du PCI est l’acte de transférer ou d’enseigner une forme de PCI à une autre personne qui la pratiquera ensuite elle-même, ou d’apprendre une pratique du PCI auprès d’un praticien.

Sauvegarde du PCI :

Sauvegarder le PCI signifie assurer sa viabilité pour les générations à venir au sein d’un groupe ou d’une communauté grâce à sa promotion et sa transmission continues.

Gentrification :

La gentrification est un processus par lequel une zone est transformée par l’arrivée de nouvelles personnes, souvent issues de classes sociales plus élevées que les personnes vivant déjà sur place. Ce phénomène entraine un changement dans les habitudes sociales et l’ambiance du quartier ainsi que l’augmentation des prix des loyers.

Tourisme :

Le tourisme est un voyage dont le but n’est pas (que) la nécessité. Le tourisme est une industrie qui fournit aux clients/voyageurs différents services tels que le transport, l’hébergement, la restauration ou le divertissement.

Tourisme durable :

Le tourisme durable est une forme de tourisme qui tient compte des impacts environnementaux, sociaux et économiques lorsqu’il propose un produit aux voyageurs et qui est conscient des besoins des générations à venir. Le tourisme durable inclut souvent l’intérêt des nombreux acteurs impliqués tels que les communautés locales, les visiteurs, les industries et les gouvernements.

Tourisme culturel :

Type d’activité touristique dans laquelle la motivation essentielle du visiteur est d’apprendre, de découvrir, d’expérimenter et de consommer les offres culturelles matérielles et immatérielles d’une destination touristique. Ces attractions/produits/offres concernent un ensemble de caractéristiques matérielles, intellectuelles, spirituelles et émotionnelles distinctives d’une société qui englobe les arts et l’architecture, le patrimoine historique et culturel, le patrimoine culinaire, la littérature, la musique, les industries créatives et les cultures vivantes avec leurs modes de vie, systèmes de valeurs, croyances et traditions.

Tourisme expérientiel :

Le voyage expérientiel est une forme de tourisme dans laquelle les gens se concentrent sur l’expérience directe, immédiate et face à face d’un pays, d’une ville ou d’un lieu particulier en se connectant à son histoire, ses habitants et sa culture.

Sur-tourisme / tourisme de masse / tourisme conventionnel / tourisme « mainstream » :

tous ces termes définissent des types de tourisme qui ne prennent pas en compte les impacts environnementaux, sociaux et économiques dans leur conception. Ils sont également liés à un grand nombre de personnes/touristes visitant les mêmes lieux, mettant à rude épreuve et surchargeant la capacité des lieux visités sur lesquels ils causent des effets indésirables.

Marchandisation :

La marchandisation est l’acte de transformer quelque chose en un produit qui peut être acheté ou vendu dans l’économie de marché.

Offre touristique :

Une offre touristique est une offre développée pour l’expérience ou la consommation touristique. Il ne s’agit pas nécessairement d’un « produit » tangible, mais il peut également s’agir, dans le contexte du PCI, d’attractions, d’installations, de services, d’activités…

Produit touristique / offre touristique :

Selon la définition de l’OMT, un produit touristique est « une combinaison d’éléments matériels et immatériels, tels que des ressources naturelles, culturelles et créées par l’homme, des attractions, des installations, des services et des activités autour d’un centre d’intérêt spécifique qui représente le cœur du « mix marketing » de la destination et crée une expérience globale pour les visiteurs, y compris dans ses aspects émotionnels pour les clients potentiels. Un produit touristique est tarifé et vendu via des canaux de distribution et il a un cycle de vie ». Dans le contexte du PCI, nous préférons utiliser la notion d’offre touristique, principalement en vue d’éviter toute confusion entre les « produits touristiques » d’une part et les « produits liés au PCI » proposés aux touristes d’autre part (comme les produits artisanaux ou les produits d’alimentation traditionnels…)

Produits liés au PCI :

Les produits liés au PCI sont des produits issus de processus patrimoniaux vivants de fabrication/création/pâtisserie… comme un objet artisanal ou un aliment traditionnel. Il est pertinent, dans le contexte du PCI et du tourisme, de distinguer les produits liés au PCI à la fois du « processus » (le patrimoine vivant) en tant que tel, ainsi que des « produits touristiques » c’est-à-dire des offres destinées au tourisme en particulier (voir plus haut).

Sur-commercialisation :

Acte de commercialiser quelque chose à l’excès.

Authenticité :

Le concept d’« authenticité » donne lieu à des interprétations divergentes selon son utilisation dans les contextes du tourisme, du PCI, du patrimoine matériel… Dans le domaine du tourisme, la notion d’« authenticité » est utilisée pour indiquer ce qui est perçu comme une activité, un élément ou un cadre véritables ou originels, basé sur la compréhension culturelle de l’observateur (touriste). Dans les contextes patrimoniaux, « l’authenticité » est principalement associée à « l’originalité ». C’est devenu un sujet intensément discuté. En ce qui concerne le PCI, la notion d’« authenticité » est souvent considérée comme problématique et donc évitée : le concept est absent de la Convention de l’UNESCO de 2003, et son utilisation a été découragée par les organes de la Convention. L’idée sous-jacente de la Convention est que la nature dynamique et vivante du patrimoine culturel immatériel doit être constamment respectée, ce qui est en contradiction avec la conception dominante de l’« authenticité » du patrimoine (matériel et bâti), associée à l’instance d’origine d’un objet ou d’un site historique et considérée comme une qualité importante déterminant la valeur du patrimoine. Une telle approche est ainsi considérée comme un obstacle à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en tant que patrimoine vivant et évolutif des peuples contemporains, et qui ne devrait pas être valorisé ou évalué sur la base de son originalité ou de son exclusivité.

Développement durable :

Le développement durable est une forme de développement qui répond aux besoins de la société actuelle sans compromettre la capacité des générations à venir de répondre aux leurs.

8. CRÉDITS

Pour plus d’informations : ichngoforum.research(at)gmail.com

We would like to thank all the people and organisations that have taken part in the creation of this web dossier, both the people who thought up, produced and edited this document, and the NGOs, authors, graphics / web designers and photographers who made it possible for us to publish it.

Nos remerciements particuliers vont au comité directeur du Forum ONG-PCI, au groupe de travail « ONG du PCI et recherche », et à l’ONG atelier patrimoine immatériel (BE) pour leur soutien dans la réalisation de cette publication.

Contributeurs :

Albert van der Zeijden
Antoine Gauthier
Benedetta Ubertazzi
Carl-Éric Guertin
Dafvid Hermansson
Giovany Arteaga Montes
Gabriele Desiderio
Harriet Deacon
Jorijn Neyrinck
Juhi Valia
Martha Fleurant
Lluís Garcia Petit
Martín Andrade Peréz
Robert Baron
Séverine Cachat
Tamar Kiknadze
Tamara Nikolić Đerić
Valentina Lapiccirella Zingari

– En mémoire de notre collègue Albert van der Zeijden –

Un merci particulier à Kaat De Ridder et à Wendy Raaphorst pour leur révision et leurs commentaires, à Piercarlo Zingari pour son aide à la traduction et à Massimiliano Desiderio pour son soutien technique.

Nous voudrions remercier les organisations (nationales et internationales) pour leurs publications, qui ont nourri notre travail, telles que l’UNESCO et The Volkskunde Journal, ainsi que les auteurs qui ont rendu possible ce dossier web.

Merci aux photographes qui nous ont permis d’utiliser leurs photos.